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A.N.A.C.R. ISERE
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  • blog d'information relayant les activités de la section isèroise de L'Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance. 64 rue Ampère - 38000 Grenoble Tél : 04 76 47 04 49 / Fax : 04 76 47 43 21
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28 octobre 2020

Léa Blain une héroïne de 22 ans

PLéa Blain, jeune résistante, a été abattue par les Allemand dans le Vercors en août 1944. Morte héroïquement les armes à la main, elle fait partie du panthéon des martyres du Vercors et pourtant elle n’est guère connue du grand public. Elle est citée dans quelques articles de combattants du Vercors ainsi que par quelques historiens mais à part le livre de Jean Paul Papet, peu de recherches lui sont consacrées. Même si son nom apparaît sur les murs, monuments, écoles … de quelques villes, que savent ceux et celles qui le lisent distraitement de histoire remarquable et tragique de Léa Blain

 Léa Blain est née le 22 mars 1922 à Têche. Ses parents s'établissent à Chatte en 1925, modestes ouvriers, ils élèvent leurs enfants Joseph (Jojo pour sa petite sœur qui l’adorait) et Léa  dans le culte du devoir. Léa est une jeune fille particulièrement pieuse, sa grande foi catholique guide nombre de ses décisions. Elle est très active sur la commune et anime les "Ames Vaillantes" et le "Patronage" groupes de jeunesse catholique.

Pour aider ses parents, elle travaille au ramassage des noix puis au bureau de poste de Chattes. De 1940 à 1944, Léa travaille à l’Usine Morel de La Sône comme son papa, d’abord à l’atelier, puis au bureau à partir de 1941 où elle fut toujours très appréciée pour ses qualités : dévouement, désintéressement, franchise, patriotisme. À la suite de l’exode, Léa participe à l’accueil des réfugiés à Chatte dans une salle qui deviendra plus tard la Salle des Fêtes.

 L’usine Morel de La Sône était un centre actif de la Résistance entre 1941 et 1944. C’est là certainement qu’elle fait connaissance avec des résistants. Dès 1942, Léa se voit confier peu à peu des responsabilités plus importantes : agent de liaison sous le nom de Louise Bouvard, pour garder les mêmes initiales - Aider au ravitaillement et chercher un abri pour les réfugiés – Aider des juifs à se cacher et à survivre – Chercher un abri pour les réfractaires du STO ( Service du Travail Obligatoire en Allemagne) – Fournir des faux papiers et des fausses cartes d’alimentation, qu’elle récupère à Grenoble et cache dans sa chambre, afin de pouvoir nourrir ces réfractaires et ces réfugiés.

 Mais elle voulait se rendre plus utile pour la Résistance et, ignorant les conseils de ses amis résistants, elle veut monter au Vercors. Cette timide jeune fille intransigeante, fougueuse, courageuse veut se battre pour cette France qu’elle aime et veut libre. Impatiente de participer au combat, elle peut enfin rejoindre le Vercors le 19 juillet,  à la demande du lieutenant André Jullien Dubreuil (Du Breuil ?), en tant que secrétaire et chiffreuse de la mission inter-alliée Eucalyptus.

 Elle ne sait pas encore que  le Vercors est en plein tourmente. Mi-juillet les Allemands semblent s’intéresser plus sérieusement au plateau. 13 juillet premières bombes sur Vassieux et La Chapelle en Vercors, 14 juillet gros parachutage allié sur Vassieux,  20 juillet encerclement du plateau par les Allemands, 21 juillet attaque aérienne de Vassieux et La Chapelle, 22 juillet les attaques aériennes s’intensifient, les "pas" tombent, 23 juillet Valchevriere, seule route carrossable libre vers le plateau est enfoncée. Ordre de dispersion générale est donné par le commandant Hervieux (François Huet).

 Léa rejoint la mission Eucalyptus avec le Lieutenant Dubreuil dans les bois au-dessus de Michallon Du 23 juillet au 31 juillet les différents groupes ont erré dans la forêt pour échapper aux patrouilles allemandes chargées de «nettoyer» le Plateau. Dans les archives de la BBC le journal de John Houseman, l’un des deux anglais de la mission Eucalyptus, raconte son séjour dans le Vercors, de son arrivée en parachute à sa sortie du Vercors. Ce journal décrit le travail de la mission, l’attaque du Vercors par les Allemands, la vie de ce groupe fuyant les patrouilles allemandes et leurs exactions, se cachant dans les bois, les grottes sans eau ni nourriture pendant plusieurs jours.

 Le sous-lieutenant Rémi Lifschitz, Léa et le lieutenant André Jullien Dubreuil traversent la vallée et rejoignent le 23 juillet, au-dessus du hameau de La Rivière, la grotte des fées, située dans la forêt de Saint-Agnan-en-Vercors, où s’est réfugié le  groupe Goderville (Jean Prévost)*. La situation de la grotte est difficile à trouver, dans les bois dominant le hameau des Valets sur Saint-Agnan-en-Vercors, où Jean Prévost avait loué une maison et où vit alors sa famille. (participa à l’élaboration du plan Montagnard avec Dalloz, Alain le Ray, Yves Farges). L’entrée se fait par une chatière de 60 cm ouvrant sur une salle propice au refuge.  

 De la grotte, les réfugiés peuvent apercevoir les colonnes de fumée laissant présager de la tragédie qui se déroule sur le plateau. Là pendant 9 jours autour du  Capitaine Goderville  ils sont une poignée d’hommes dont le Capitaine Bouysse Charles Loyse - Lieutenant Raymond Jean Veyrat - Alfred Leizer, le lieutenant Jullien Dubreuil- Rémy Lifschitz et Léa Blain seule femme dans cette cavité où l’eau, la nourriture, et les couvertures manquent terriblement.

 Dans la grotte, Léa participe aux tâches, aux discussions, elle aura le temps de lire "la Chartreuse de parme " de Stendhal que Jean Prévost écrivain  journaliste spécialiste de cet auteur lui a certainement prêtée. Le lieutenant Dazan écrira plus tard dans une lettre envoyée à sa mère  « Melle Blain a supporté cela magnifiquement. Les privations, le danger, le froid n’ont pu abattre son moral qui du premier au dernier jour, n’a pas bronché. »

 Le petit groupe de la grotte des Fées s'impatiente. Cette existence recluse, oisive, avec une nourriture frugale et rare, dans le froid et l'humidité, pèse à tous. Ils décident d'agir. Puisqu'on a cessé de se battre dans le Vercors, il faut désormais en sortir et rejoindre les camarades qui, dans l'Isère, poursuivent la lutte.

Le lundi 31 juillet, profitant de l'accalmie qui semble régner aux alentours, le groupe Goderville prend la décision de quitter la grotte, abandonne la grotte et s'éloigne en direction du nord-est. Le capitaine Goderville et le capitaine Bouysse ont décidé de longer, en forêt, la route qui mène à Corrençon, Villard-de-Lans, Engins, et de rallier Sassenage.

Partie avec Goderville et d’autres, Léa qui n'a pas vraiment l'habitude de marcher en montagne, est stoppée dans sa course par une vilaine blessure au pied, elle ne peut plus suivre  et doit s’arrêter pour se soigner. Une femme, d'ailleurs, ne risque pas grand-chose et trouvera facilement une ferme pour l'accueillir. Cependant, Rémy Lifschitz ne veut pas la laisser seule à l’arrière et lui propose de rester avec elle le temps qu’elle refasse son pansement et se repose un peu. Il connaît bien la région et lui servira de guide. Après plusieurs heures, ils reprennent leur route dans les pas du groupe Goderville.

Le soir, ils atteignent une ferme des environs de Corrençon où, en effet, on lui propose de la garder. Mais elle apprend que le groupe Goderville est passé par là et ne les précède que de deux heures. Elle veut à tout prix le rejoindre. Son moral d'ailleurs est excellent. Les jeunes gens refusent de rester et de se cacher en attendant que les «Boches» soient partis et continuent leur route Ils repartent dans la nuit en direction de Villard où Rémy pense la déposer en lieu sûr si vraiment elle est trop fatiguée.

Le 1er août, au lever du jour, ils sont au hameau du Pouteil, où un fermier leur offre un bol de lait, et leur conseille la prudence. Des patrouilles allemandes rôdent autour du Villard et il serait risqué de s'aventurer dans leur direction. Les deux jeunes gens n'ont pas peur. Ils ont confiance et joyeusement ils poursuivent leur chemin. Ils ont des armes et les Allemands ne les intimident pas.

Soudain, aux Glovettes, sur les hauteurs de Villard de Lans, une vingtaine d'Allemands surgissent devant Léa et son compagnon. Il est trop tard pour les éviter. Alors, sans hésitation, l'un et l'autre saisissent leurs armes, un revolver et une mitraillette... Ils tirent. Deux Allemands s'écroulent, dont l'un mortellement atteint. Les autres ripostent. Une grenade éclate à côté de Rémy qui s'affaisse, le corps déchiqueté, et une balle frappe Léa à la tête. Les Allemands s'approchent. L’un d'eux déclarera un peu plus tard : « Ces gens-là ne sont pas des terroristes, ce sont des héros.»

C’est le chef des équipes de la Croix-Rouge qui trouvera les corps « J’ai ressenti là la plus forte émotion de ma vie. Cette jeune femme semblait dormir, l’expression de son visage était calme et respirait la paix. »

 Le groupe Goderville sera décimé le même jour par une patrouille allemande dans la descente vers Sassenage, au pont Charvet : Capitaine Goderville Jean Prévost - Capitaine Bouysse Charles Loysel -Lieutenant Raymond Jean Veyrat -Lieutenant Dubreuil  André Jullien du Breuil - Alfred Leizer. Rémi Lifschitz est inhumé à Villard-de-Lans.

Léa Blain a été décorée de la Médaille de la Résistance. Léa est inhumée à Chatte avec les honneurs le 10 septembre 1944, et le 9 septembre 1945 un monument à sa mémoire est inauguré au cimetière de Chatte par le Préfet de l'Isère Albert Reynier.

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Monument en mémoire de Léa Blain et Rémy Lifschitz aux Glovettes, Villard de Lans

Aux Glovettes, à côté de la petite croix, un monument a été élevé à la mémoire de Léa et Rémy. Et tous les ans, le 1er août, quelques Chattois et Chattoises vont nettoyer le monument et se recueillir en mémoire de Léa et Rémy

Léa Blain repose au cimetière de Chatte. Un cénotaphe de la nécropole de Saint-Nizier-du-Moucherotte rappelle son souvenir.
À Chatte et à Lans-en-Vercors, les écoles du village portent le nom de Léa Blain, nom qui est également gravé sur le monument aux morts de Chatte. Une plaque commémorative est apposée sur sa maison natale, au n° 21 de la grande rue, et sur un rocher au lieu-dit "La Croix des Glovettes".

D’autres lieux portent le nom de Léa Blain : une impasse parisienne située dans le 16e arrondissement de Paris l'impasse Léa Blain  - une rue d'Echirolles- une rue de  Nîmes Gard - une crèche publique à  Fontaine.

 

Léa Blain n’avait que 22 ans, quand au cœur du Vercors terre de liberté, de combats, de martyr et de grandeur, elle n’hésita pas à sacrifier sa jeune vie pour qu’un jour renaisse sa patrie. Belle, lumineuse, ses grands yeux profonds regardant le monde,   on ne sait quels furent ses derniers mots, ses dernières pensées, ses derniers sourires mais on peut imaginer que aucune peur, aucun recul ne l’a fait tremblé en levant son arme. Au pied de cette croix des Glovettes, symbolisant sa croyance catholique, Léa Blain magnifique figure de femme, la résistance chevillée au cœur et à l’âme, est morte pour la France.

Passant souviens toi quand tu verras son nom inscrit dans la mémoire de pierre de notre histoire.

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Photos Léa Blain © Association nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors Droits réservés

 

La mission interalliée Eucalyptus

Le 29 juin 1944, la mission Eucalyptus est parachutée sur le terrain Taille-crayon de Vassieux en Vercors. Elle est composée, outre du chef de mission le major Desmond Longe, de son second John Vincent Houseman, et de trois officiers, dont le Français Yves Croix de la DGSS, et de deux opérateurs radio: l'agent franco-américain de l'OSS, André Pecquet, Paray, Bavarois, ainsi que le Français Philippe Saillard, Touareg. La mission s'installe à proximité de Saint-Martin-en-Vercors. Elle sera renforcée de trois autres officiers français dont Adrien Conus, Volume, le 10 juillet 1944. Elle doit évaluer la situation dans le massif, instruire les maquisards à l’utilisation des armes parachutées, les former au combat de type guérilla. Le VERCORS a souvent réclamé le parachutage d’armes lourdes, demandes restées lettre morte de la part des alliés et du Bureau central de renseignement et d’action (BCRA) d’Alger.

 Sources : Pierre Tanant, Vercors, Haut-Lieu de France, Souvenirs, Grenoble, Arthaud, 1947, 236 pages.

Site des pionniers du Vercors : vercors-resistance.fr

Site muséedelarésistanceenligne.org

Jean Paul Papet Léa Blain, une jeune fille de France Site de ERRA(Esprit de la résistance en Rhône-Alpes)

 

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