Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A.N.A.C.R. ISERE
A.N.A.C.R. ISERE
Publicité
Derniers commentaires
A.N.A.C.R. ISERE
  • blog d'information relayant les activités de la section isèroise de L'Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance. 64 rue Ampère - 38000 Grenoble Tél : 04 76 47 04 49 / Fax : 04 76 47 43 21
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Archives
Visiteurs
Depuis la création 30 573
14 avril 2022

Une semaine de l’Affiche rouge en hommage au Groupe Manouchian : Echirolles (Isère)

cérémonie manouchian 2

 Point d’orgue de la « 10e Semaine de l’Affiche rouge d’Échirolles, les étrangers dans la Résistance », la commémoration solennelle du 78e anniversaire de l’exécution, par les nazis au Mont-Valérien le 21 février 1944, de Missak Manouchian et des Combattants étrangers des FTP- MOI de la région parisienne, s’est déroulée dimanche 20 février, place de la Libération, à l’invitation conjointe de Renzo Sulli, maire, vice-président de Grenoble-Alpes Métropole et de Daniel Marandjian, président de l’Association des Anciens Combattants et Résistants Arméniens de l’Armée Française (AACRAAF). Elle a réuni une foule nombreuse de quelque 250 personnes,

On notait en la présence de Guillaume Gontard sénateur de l’Isère, Corine Lemariey conseillère métropolitaine déléguée représentant Christophe Ferrari président de Grenoble-Alpes Métropole, Amandine Demore et Daniel Bessiron conseillers départementaux, Jérôme Soldeville conseiller municipal délégué de Grenoble représentant le maire Éric Piolle, Anahide Mardirossian, adjointe de Saint-Martin-le Vinoux représentant le maire Sylvain Laval, Anouche Agobian adjointe à Grenoble, ainsi que de nombreux adjoints et élus d’Échirolles, ainsi que de Mme Cécile Cléry-Barraud directrice départementale de l’ONACVG et des représentants du Comité de liaison des Anciens combattants et des associations arméniennes et juives de l’agglomération,

Après l’accrochage d’une gerbe sous la plaque de la rue Missak Manouchian, le cortège derrière les 13 portes drapeaux s’est rendu au Monument aux morts orné de chevalets présentant le portrait de Missak Manouchian et l’Affiche rouge.

Daniel Marandjian, dans un discours très applaudi a salué la mémoire de ces « héros de l’ombre » qu’ont été les combattants du groupe Manouchian. Jetant un regard sur la grande diversité d’origines de ces martyrs de l’Affiche rouge : Espagnols vaincus par le franquisme, Juifs Polonais, Roumains, Hongrois fuyant l’oppression de régimes antisémites et xénophobes, Italiens pourchassés par le fascisme mussolinien, et Arméniens rescapés du Génocide de 1915, il a rappelé que tous, avec leurs familles et leurs compatriotes, subissaient les mesures xénophobes et antisémites instaurées par le régime de l’État français de Pétain qui a instauré le Statut des juifs, la priorité nationale à l’emploi, traque et renvoi des réfugiés dans leurs pays d’origine. Pour eux, la France n’était pas seulement une terre d’asile, mais le dernier refuge de la Liberté. En défendant la liberté de la France, ils ne se battaient ni pour leur famille, car la plupart l’avait perdue, ni pour leurs biens, car ils avaient dû les abandonner, ni pour la gloire, car ils œuvraient dans l’ombre, ni pour une idéologie partisane, car communistes, ils n’avaient qu’un seul adversaire, la servitude. En cette période d’incertitude où certains posent encore la question lancinante de l’identité française, est venu le moment de proclamer par cet hommage symbole, que cette identité ne tient pas aux origines ethniques des citoyens que nous sommes. ls nous ont appris, par le don de leur vie, que la France qu’ils défendaient était la terre de la générosité. L’identité française tient dans ce que l’on apporte à la France autant que dans ce que la France apporte.

Il a ensuite évoqué la personnalité de Missak Manouchian.

Orphelin, rescapé du génocide des Arméniens de 1915, poète, ouvrier assoiffé de culture française, il choisit en 1925 comme patrie d’adoption la France et sa devise Liberté, Égalité, Fraternité. Le 6 février 1934, devant la montée du fascisme, il adhère au Parti Communiste Français. Il est de tous les combats : Front populaire, soutien à l'Espagne républicaine, Résistance avec la M.O.I., clandestinité, et enfin lutte armée. Le Commandement des F.T.P. en accord avec le Conseil National de la Résistance le nomme Commissaire militaire pour la région parisienne le 1er juin 1943. Ils ont installé la peur dans le camp de l’occupant jusqu’à ce qu’ils tombent après une longue traque dans les mains de leurs bourreaux des brigades spéciales du Commissaire « français » Fernand David en novembre 1943. Ce fut l’ignoble procès de l’Hôtel Continental les 19, 20 et 21 février 1944, monté par la Gestapo à seule fin de propagande : la mort comme seule sentence possible. Et cette Affiche rouge destinée à défigurer la noblesse de leur combat, mais qui les rendra immortels

Il a rappelé qu’au procès, Missak Manouchian a assuré seul la défense du groupe. L’accusé se fit accusateur : S’adressant aux Allemands il dit : « Vous, je n’ai rien à vous dire, j’ai fait mon devoir qui était de vous combattre. Je ne regrette rien de ce que j’ai fait. C’est maintenant à vous de jouer votre rôle, je suis entre vos mains.

Aux juges Français, il déclare : « Mais quant à vous, vous êtes Français. Nous, nous avons combattu pour la France, pour la Libération de ce pays. Vous, vous avez vendu votre conscience et votre âme à l’ennemi. Vous avez hérité de la nationalité française, nous, nous l’avons méritée ».

 Daniel Marandjian a rappelé que déjà en 2014, à l’occasion du 70ème anniversaire de leur exécution, l’AACRAAF avec d’autres avait fortement soutenu la demande de transfert au Panthéon de la République des cendres des combattants du Groupe Manouchian, hélas en vain car ceux de l’Affiche rouge attendent toujours dans leurs tombes du cimetière d’Ivry la reconnaissance suprême de la Patrie. Mais il reste de l’espoir avec deux initiatives: la nouvelle pétition récemment lancée en direction du Président de la république à l’initiative de Jonathan Lacôte, ancien ambassadeur de France en Arménie, dont l’exposé des motifs souligne : « après Jean Moulin, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillon, Jean Zay, l’entrée au Panthéon de Joséphine Baker conforte la place que doit y tenir la Résistance dans toutes ses composantes ». Et encore « A travers Missak Manouchian, il serait ainsi rendu hommage à l’ensemble des étrangers, parfois apatrides comme lui, qui ont rejoint les rangs de la résistance Française et donné leurs vies pour la France ». Alors qu’une tribune de Libération du 13 janvier 2022 annonce la constitution, à l’initiative de Nicolas Daragon maire de Valence et de Jean-Pierre Sakoun président d’Unité laïque, d’un large Comité de parrainage regroupant dans une démarche transpartisane des personnalités de premier plan : élus, historiens, enseignants, chercheurs, artistes et qui se prépare à lancer le 21 février l’appel public pour le transfert de Manouchian au Panthéon. L’AACRAAF apporte tout son soutien à ces deux démarches de justice.

Evoquant la 10ème Semaine de l’Affiche rouge qui s’étend cette année au 1er trimestre, il s’est réjoui du large partenariat réuni autour de l’AACRAAF : l’Amicale départementale des anciens Francs- Tireurs et Partisans Français et du Front National de la Résistance, l’Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance, comité départemental, et comité de St-Egrève, le collège Jean Vilar, le Cercle Bernard Lazare de Grenoble, le lycée Marie Curie, la Maison de la Culture Arménienne de Grenoble et du Dauphiné, la ville d’Échirolles, et le Conseil départemental de l’Isère.

Il a rappelé que cette commémoration, a été précédée du 3 au 21 janvier de 2 expositions dans le Forum Paul Rochas du lycée Marie Curie : la première « L’Affiche rouge ou les étrangers dans la Résistance ». Réalisée par la Maison de la Culture arménienne de la Loire, elle décline, l’épopée glorieuse et tragique dans la France occupée du Groupe Manouchian, ces Étrangers sur le papier mais Français par le sang versé ; la seconde « Votre sang qui chante sans frontières, la participation des étrangers aux combats pour la libération de la France ».Réalisée par le Musée de la Résistance Nationale de Champigny-sur-Marne, elle restitue la grande diversité d’origines des hommes et des femmes venus du Maghreb, d’Afrique subsaharienne, d’Indochine, du Moyen-Orient pour contribuer à la libération de la France.

Ces expositions seront également présentées du 3 au 18 mars au collège Jean Vilar.

Il a poursuivi par un bref historique de son association fondée en 1946 par des Arméniens réfugiés en France et mobilisés, en tant qu’apatrides, des Résistants et leurs aînés les engagés volontaires de la Guerre 1914-1918, pour défendre leurs droits, la mémoire et les valeurs d’engagement de ceux qui ont placé, jusqu’au sacrifice suprême, leur idéal de liberté, de justice, de solidarité et de paix, si bien incarné par le programme émancipateur du Conseil National de la Résistance. Leur honneur aura été de servir sous le drapeau français sans en avoir la nationalité. Un travail de transmission s’est traduit d'abord par l’inauguration à Échirolles en juin 1981 de la rue Missak Manouchian sous le mandat de Georges Kioulou, puis dès 1983 avec Gilbert Biessy l’instauration d’une commémoration annuelle et enfin avec Renzo Sulli, maire actuel, la création de la « Semaine de l’Affiche rouge d’Échirolles, les étrangers dans la Résistance » marquée par des interventions en milieu scolaire.

Enfin, il a abordé l’actualité et ses résonances avec le passé et son inquiétude dans un monde en butte à tous les dangers dans une Europe, une France où nous voyons à nouveau une montée dangereuse des idéologies de rejet de l’autre, de xénophobie, de racisme et d’antisémitisme sur fond de crise sanitaire, sociale et institutionnelle que traverse notre pays. Et aussi rappelé que les Français d’origine arménienne sont toujours les victimes du négationnisme encouragé par la Turquie d’Erdogan qui a redoublé depuis l’automne 2020 à la faveur de la guerre d’agression et de conquêtes menée par l’Azerbaïdjan et la Turquie contre la république du Haut Karabagh et l’Arménie, et que nous sommes toujours dans l’attente d’une loi française qui, à l’instar de la loi Gayssot pour le génocide des Juifs d’Europe, protégerait enfin les descendants des victimes du génocide de 1915. Avec les associations de Résistants, porteuses de la mémoire des années noires du fascisme et du nazisme, qui ont toujours appelé au respect des valeurs démocratiques, humanistes, antiracistes pour lesquelles les résistants se sont levés, il a mis en garde contre la tentation du tout sécuritaire porteur d’arbitraire et d’inégalités.

Le discours s’est conclu par une citation du Général de Gaulle à la Libération : Parmi les héros de la Résistance, Missak Manouchian restera l’une des plus nobles figures”.

 Puis, Mikaël Barishyan et Vartuhi Grigorian, deux jeunes de la Maison de la Culture Arménienne de Grenoble et du Dauphiné (MCAGD) ont procédé respectivement à une lecture très incarnée de la dernière lettre de Missak Manouchian à sa femme Mélinée et d’un condensé du chapitre « Un dernier jour, une dernière nuit » extrait du livre témoignage de Mélinée Manouchian, avant que Jean Forestier vice-président et Jacques Simonian trésorier de l’AACRAAF ne procèdent à l’appel des 23 Morts pour la France. Il a été procédé ensuite à plusieurs dépôts de gerbes (ville d’Échirolles, Association des Anciens Combattants et Résistants Arméniens de l’Armée Française, Comité de liaison des Anciens combattants d’Échirolles, ville de Grenoble et Grenoble-Alpes Métropole). La cérémonie s’est achevée par le Salut aux 13 porte-drapeaux et le partage convivial d’un vin d’honneur agrémenté de spécialités arméniennes.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité