Edito du journal résistance Isère n° 202 Décembre 2020
Cet édito est écrit le dernier jour de l’année, regards dans le rétroviseur et franchement 2020 est une année pourrie où rien d’agréable ne surnage, l’humeur de la Rédac est plombée. Dans le monde, la pandémie aura fait des ravages avec le décès de près 1,8 million de personnes et plus de 82 millions contaminées*, Les foyers actuels majeurs de l'épidémie se situent toujours dans la zone Amériques et Europe. En France, on compte 2 600 498 personnes contaminées et 64 381 décès* et rien ne laisse présager une accalmie, sauf à ce que la majorité de la population soit vaccinée, ce qui en cette fin d’année, semble plutôt mal enclenchée. En raison des déplacements des populations d’un pays à l’autre comment sortirons-nous de cette terrible crise sanitaire si la vaccination ne devient pas la norme pour tous ?
La Covid 19 a provoqué des situations dramatiques dans notre pays. Les confinements ont mis en péril l’économie dans de nombreux secteurs : entreprises petites ou grandes, commerces, culture, tourisme etc. Mais plus inquiétant, ces dernières semaines, les associations d'aide aux plus démunis n'ont eu de cesse de lancer un cri d’alarme : la pauvreté augmente en France et de façon dramatique, les distributions alimentaires, seul moyen de survie pour beaucoup de nos compatriotes, sont de plus en plus sollicitées et les demandes de minima sociaux sont en hausse. Pire, plus de la moitié des Français craignent, en pleine crise sanitaire et économique, de basculer dans la pauvreté, d'après le baromètre du Secours populaire. Et quand on ajoute à ces constats effrayants que pour 20% des enfants le Père Noël n’a pas pu poser un paquet dans les petits chaussons, on ne peut rester qu’atterrés devant une société où s’accentuent de jour en jour le mal vivre, le mal être, la malbouffe, le mal logement, où les murs de la maison France se lézardent avec des fondations qui s’effritent sous les coups de bélier incessants des inégalités.
L’espoir pour des millions de personnes n’existe plus parce que lorsqu’on a la tête bien enfoncée sous l’eau, on ne peut plus rêver, plus rire, plus aimer, plus construire, plus avancer. Heureusement, il reste des espaces de solidarité, de fraternité et grâce aux bénévoles des associations caritatives un peu d’humanité demeure encore. Pourtant on ne peut que s’énerver quand on sait que nombre de sociétés cotées en bourse ont fait de faramineux profits. En ces temps difficiles, où la misère se répand comme une nappe de brouillard noir, il est réconfortant de savoir que le luxe, les technologies nouvelles conservent et même accroissent leurs milliards de bénéfice ! "Yes, we can".
Indignez-vous nous disait Stéphane Hessel ! Oui, indignons-nous de ce pays à deux, voir trois ou quatre vitesses, qui laisse sur le bord des routes tant et tant de personnes, où les dirigeants successifs ont tout oublié des leçons du passé. Répétant à qui mieux mieux que ce n’est pas leur faute, que c’est celle à pas de chance… Oui, messieurs mesdames, la covid, le climat, les catastrophes naturelles, l’argent qui fout le camp, les dettes qui s’amoncellent, voilà les responsables d’une situation de plus en plus difficile à maîtriser : la casse des hôpitaux avec le manque de lits en réanimation et de personnel soignant, la dégradation des écoles avec les classes surchargées, le manque chronique d’enseignants et l’impossibilité des gestes barrières, le personnel en sous effectif dans les EHPAD clusters tragiques souvent portes de la mort pour les gens très âgés. Et tout le reste, que je ne dis pas, mais qui va à vau-l’eau.
Bien sur vous le comprenez, ils nous prennent pour des truffes, des crêpes ou des courges, à votre choix, pour nous faire avaler des couleuvres plus grosses qu’un bras d’haltérophile. Alors il faudra, encore et encore, leur re-redire que, quand on veut on peut, et que, quand on peut ça marche. Comment au sortir de la Seconde guerre mondiale, les pays exsangues ont-ils pu relever la tête et leurs économies ? Peut-être en France parce que, 16 hommes, les résistants du CNR, ont le 15 mars 1944 inventé une société nouvelle avec un programme révolutionnaire, que des centaines, des milliers de citoyens s’en sont emparé pour gagner lutte après lutte des conquis formidables, ces conquis qui maintenant se réduisent comme peau de chagrin.
Alors c’est vrai la crise sanitaire a fait, fait, fera des ravages et nous met à genoux tant moralement que pratiquement, et les mois à venir s’annoncent plus que gris. Mais en se relevant les manches, en activant les cellules de leurs cerveaux, et de leurs cœurs, ceux qui mènent le monde vont devoir innover, inventer, imaginer, solutionner et surtout agir pour la sécurité et le bien de tous et toutes. Voilà les vœux que je forme pour cette année à venir, qui va nous éprouver mais aussi nous permettre de nous réunir et tous ensembles d’aller plus loin, en avant.
lors le dernier jour de l’année 2021 quand j’écrirais l’édito, je verrais des étoiles dans les yeux des petits enfants devant les joujoux que le Père Noël aura déposés au pied de leurs lits. Et pour moi, comme pour vous, comme le chantait Jean Ferrat
Quelque chose dans l'air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France
Martine Peters
*données Université Johns Hopkins.
* données Santé Publique France