René Paget - Résistant- Grésivaudan

 René Paget un FTP dans le Grésivaudan

René Paget est né le 25 mai 1924 à Pontcharra et décédé le 19 avril 2020. Dans notre édition de juin, l’annonce de son décès avait marqué douloureusement ses camarades du Comité ANACR du Haut Grésivaudan dont il était le Président, ainsi que les membres du Bureau Départemental auquel il a participé de 2002 à la date de son décès. Il était très assidu aux réunions départementales et apporté toujours son point de vue réfléchi, jusqu’à ce que la maladie de son épouse puis la sienne limitent ses déplacements. Homme de convictions et d’engagements citoyens, René avait l’ANACR chevillée au corps et faisait une totale confiance aux Amis de la Résistance depuis leur création.

 René a fréquenté l’école élémentaire de Villard Noir, Commune de Pontcharra, et obtenu son certificat d’étude primaire. Dès la fin de sa scolarité à 15 ans en 1939, il a travaillé à la ferme familiale au Gayet, et la première conséquence de la guerre qui se dessine alors, est la réquisition de son cheval, auquel il était très attaché Son père a été mobilisé quelques  jours  plus  tard  pour aller travailler dans les usines chimiques à Pont-de Claix (38).  C'est  donc  avec sa  mère  et  son frère  plus âgé de 2 ans qu'ils ont dû assumer les travaux de la ferme.  

 Très rapidement début 1942, face aux privations, couvre feu, humiliations de la part de l’occupant, il souhaite réagir et par des contacts plus âgés que lui, il est chargé de distribuer des tracts et journaux pour "dire la vérité" aux habitants de la commune. Face à l’occupation Allemande, René radicalise son engagement et est approché par des responsables de la Résistance locale. Il va alors rejoindre le maquis du Gléyzin, au-dessus  du  village de Pinsot, dans le massif de Belledonne en Isère qui s’est installé en février 1944 et  qui avec le bataillon de Pontcharra commandé par le vizillois Maurice Guichard "Duthoit" formera le 2^e bataillon du secteur 1 des FTPF commandé par Henri Riondel " Dubois"(région Pontcharra, Allevard, Bernin, Crolles, Domène, Brignoud)

En juin 1944, César Terrier "Seyssel" capitaine de réserve au 12^e régiment de chars, possédant une solide expérience militaire, prend le commandement du 2^e bataillon des Francs Tireurs et Partisans Français (FTPF) que René Paget a rejoint, connaissant César Terrier dans la "vie civile". Terrier va organiser le bataillon dont les effectifs grossissent rapidement, maintenir la discipline, assurer le ravitaillement et préparer les actions contre l’occupant. René Paget a participé dans un  premier  temps au ravitaillement des maquisards, en collectant des vivres et de l'argent, en distribuant des tracts. Puis, aux actions  de  sabotage  d'usines et voies de chemins de fer, afin d'éviter que la majeure partie de production agricole et industrielle ne parte au profit des Allemands.  Les actions du bataillon sont nombreuses mais l’une d’elles, l’attaque d’un train blindé est la plus spectaculaire. Il terminera la guerre au 2^éme bataillon FTP puis au 11^éme BCA lors de la campagne de Maurienne jusqu’à Briançon dans les Hautes Alpes et sera démobilisé en mars 1945.

 De retour à la vie civile, René Paget est ouvrier papetier puis agent de maitrise les dix dernières années aux papeteries de Moulin Vieux-Pontcharra jusqu’à sa retraite en mai 1981. Il prendra des responsabilités syndicales ; délégué du personnel, délégué syndical, membre du comité d’entreprise et du CHS. Il se marie le 12 avril 1947 et aura 2 enfants. Il va participer activement à la vie de sa commune et sera élu conseiller municipal à deux reprises, de 1952 à 1958 puis de 1974 à 1980.

Dans le cadre de l’ANACR, il était un excellent "passeur de mémoire" et un témoin soucieux de vérité, d’authenticité avec les élèves des classes primaires de CM1-CM2, des collèges et lycées de la vallée du Haut Grésivaudan

Très pointilleux, soucieux de bien faire il a animé le comité local, les réunions du bureau, les activités, expositions, forums, coorganisateur avec les municipalités des cérémonies commémoratives "officielles" ou de cérémonies plus intimes devant les stèles de fusillés ou déportés locaux où ses interventions étaient très appréciées.

Afin de témoigner, de perpétuer le souvenir des résistants locaux, René a participé à la rédaction d’une brochure de l’ANACR du haut Grésivaudan "Paroles de Résistants" et a contribué à obtenir la reconnaissance de la Nation pour des Résistants en montant les dossiers de cartes CVR. Sa dernière contribution sera pour la revue départementale du 50^e anniversaire de Résistance Isère en 2020

Décoré de la Croix du Combattant volontaire de la Résistance, de la Croix du Combattant, de la médaille  Reconnaissance de la Nation, René s’était vu refusé la Légion d’honneur, comme de très nombreux résistants qui ont pourtant  lutté pour la liberté, pour la paix, pour la démocratie et ont au péril de leur vie sauvé l’honneur de la France. D’où une totale incompréhension de l’ANACR devant le rejet de sa demande pourtant si justifiée. Ingratitude de la Nation !

27 juillet 1944 destruction du train blindé

Un train blindé, basé à Pontcharra, circulait entre Montmélian et Grenoble. Il servait à assurer la protection des transports routiers des Allemands, l'acheminement du matériel et des ouvriers chargés de réparer les voies sabotées par les résistants. Armé de canons, de mitrailleuses lourdes, il se révèle être un engin redoutable. Albert Reynier donne l’ordre au capitaine César Terrier "Seyssel" de le détruire. Le 27 juillet, sous le commandement de Terrier, 500 kg d'explosifs ont été placés sous le petit pont de Pélafol (à la sortie des Gayets, à hauteur au lieu-dit-Villard-Noir,). L'explosion a été déclenchée lors d'un convoi vide d'ouvriers et détruisit le train comme prévu. Il fallut s'y reprendre à deux fois car, la veille en fin de journée, pour cause d'une liaison électrique défaillante, la tentative s'était soldée par un échec. L’explosion s’entend jusqu’à Pontcharra et par crainte des représailles, les hommes prennent la direction de St Maximin. René  Paget   était  le  dernier survivant de la quinzaine de maquisards ayant pris part à cet épisode héroïque de la Résistance à Pontcharra.

sources : Comité ANACR du Haut Grésivaudan, témoignage René Paget, MRD

René Paget parle de Résistance avec le Conseil Municipal des enfants-Pontcharra.