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  • blog d'information relayant les activités de la section isèroise de L'Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance. 64 rue Ampère - 38000 Grenoble Tél : 04 76 47 04 49 / Fax : 04 76 47 43 21
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30 décembre 2014

Aimé Berthollet

Aimé Berthollet, un BDL, un Porte, pour servir

Aimé Bertholet

 

Aimé Berthollet, notre ami Bison, Président  d’honneur de l’Amicale des Anciens Porte et membre de l’ANACR, figure unanimement respectée du monde combattant nous a quitté fin août à 91 ans. Pour l’avoir souvent rencontré,  je connaissais son parcours de Résistant, pourtant je me suis rendue compte qu’en réalité je savais peu de choses sur cet homme affable, toujours souriant et amical, d’une discrétion qui frisait le secret. Ne m’avait-il pas demandé de ne pas parler de lui en me remettant des documents pour un article de RI sur les « Porte ». Alors j’ai voulu comprendre comment lui, en apparence si tranquille et réservé, avait pu, sans hésiter, s’engager très jeune dans la Résistance, y faire le coup de feu, y risquer sa peau.  Je me suis donc adressée à la personne qui me semblait la mieux à même de m’éclairer sur la vie et la personnalité d’Aimé, son fils Yves, qui, a repris le flambeau et assume actuellement la présidence de l’amicale des Anciens Porte.

Ce portrait est donc la conjonction de ses confidences et des documents conservés, écrits par Aimé, retraçant une infime part de sa vie, si riche d’engagements.

Aimé est né le 13 septembre 1923 à Jallieu en Isère. Ses parents sont ouvriers dans le textile, importante industrie de Bourgoin, son père est gareur, il s’occupe des métiers à tisser, sa mère tisseuse. Son père a fait la grande guerre et comme nombre de poilus il n’en parle jamais et sera, là aussi, comme nombre d’AC de 14.18, favorable en 1940 au vainqueur de Verdun, mais pour un temps seulement, comprenant vite que Pétain entraîne la France vers le chaos.

Aimé fait parti des Eclaireurs de France (EDF) mouvement de scoutisme, neutre et laïque, créé en 1911. A la défaite de 1940 il veut s’engager (!), ne plus passer le concours d’entrée à l’Ecole Normale d’instituteurs de Grenoble, et s’oppose à son père, pour finalement en septembre 40 entrer à l’EN (alors au Lycée Champollion) dans une promotion de 25 élèves instituteurs de 16 à 18 ans. Ce qui est exceptionnel, le gouvernement de Vichy ayant depuis juillet fermé les EN les considérant comme des « séminaires laïques » et les instituteurs parmi les responsables de la défaite. 

Aimé crée un clan de Routiers (Ainés) EDF qu’il nomme « les Bruleurs de loups » (les BDL). Les BDL s’orientent vers une « formation du corps et de l’esprit » qui sera très utile quand viendra le temps de la lutte. Suite, fin 41, à une rencontre avec le commissaire national des EDF et un responsable de la Résistance, sans doute Jean Pierre Levy de Franc Tireur,  ils s’engagent en résistance. Viennent alors les années 42/43 où les BDL ont de nombreuses activités illicites : destruction d’affiches, transports de tracts, de journaux, de matériel militaire, fabrication de faux papiers etc... A l’été 43, décidant de ne pas faire leur 4ème année, ils passent la  2ème partie du bac et veulent gagner le maquis. N’arrivant pas à trouver un mouvement qui les accepte, ils forment leur propre maquis dans une grange de montagne au Champ du seigle près du Collet d’Allevard que 7 BDL rejoignent en juillet. Aimé va, avec 2 de ses copains, participer à une école de cadres de l’AS à Cuculet au Mont de Lans. Automne hiver 43 l’effectif est réduit dans leur maquis, 4 BDL sous la responsabilité d’Aimé mais  ont lieu des contacts permanents avec le reste du clan, environ 20 BDL toujours à l’EN car plus jeunes et des actions de résistance toujours sous sa responsabilité. Lors de leurs activités multiples, ils échappent à plusieurs rafles, à Allevard avec les miliciens, à Grenoble, avec les allemands, en gare  de Chambéry ou contrôlés par la gestapo, Aimé et Henri Pellet « Hirondelle » risquent gros car des balles de mousqueton sont cachées dans une gamelle militaire dans leurs sacs tyroliens. Fouille des affaires mais recul des policiers devant l’odeur prononcé des fromages savoyards qui remplissent la gamelle. Anecdote amusante 72 ans après mais qui auraient pu, si l’homme de la Gestapo avait eu l’odorat moins fin leur coûter le peloton d’exécution ou la déportation. Preuve que nos BDL n’avaient pas froid aux yeux et un courage indiscutable. En mars avril 44, ils prennent contact avec le chef des Jeunesses étudiants catholiques André Jullien « Briançon » et décident de former sous son commandement une section de combat agissant autour de Grenoble mais c’est le 6 juin ! Finalement c’est sous le commandement de l’aspirant Pierre Volait « Porte » que Aimé et 19 BDL rejoignent le secteur 1 Grenoble Oisans. Ce groupe deviendra par la suite la section Porte. A partir de là l’histoire d’Aimé se confond avec celle de la section Porte. De juin à août nombreuses opérations de guerilla, embuscades etc…  l’attaque du château de

la Milice à Uriage défendu par les allemands,  où Aimé revenu sur les lieux après le décrochage du groupe, pour récupérer un sac de grenades et de documents oublié sera bléssé, un peu plus loin, en forçant un barrage de miliciens, ce qui lui vaudra 3 semaines d’hospitalisation à Huez. Puis ce sera l’investissement en août par la 154ème division alpine allemande de l’Oisans. Aimé est placé à la tête de la section Porte,  Violet prenant le commandement du GM3. Le 13 aout c’est

le drame du Poursellet où protégeant le repli du GM3 et subissant une violente attaque des allemands, un bataillon, 80 mulets, des mitrailleuses, des mortiers, le groupe d’Aimé  résiste mais finit par être submergé, 13 camarades tombent, dont 4 BDL, certains tués dans les combats, d’autres sauvagement assassinées par les allemands. Tragique épopée de jeunes qui avaient 20 ans et donnèrent leur vie pour sauver leurs copains, et sont morts en criant Vive la France. ( voir l’article ils avaient 20 ans - RI septembre 2011). Aimé pourra avec d’autres survivants échappé au piège, traverser les lignes ennemies et rejoindre les effectifs du maquis Secteur 1 jusqu’à la libération de l’Oisans et de l’Isère

Après c’est la guerre dans les Alpes, septembre 1944 campagne de Maurienne, avec le 1er  B.I.C. (Bataillon d’Infanterie Coloniale) formé avec les maquisards  de l’Oisans, en octobre I944, il est affecté  au 11ème B.C.A. Il participe  à la tête d’un groupe muni d’un  bazooka (arme nouvelle pour le bataillon)  à l’attaque victorieuse du fort du Montfroid, en avril-mai 1945, il entre en Italie,  va jusqu’aux environs de Turin, puis c’est le retour en France. Démobilisé en septembre 1945 à Montbarrey  (Jura), il est appelé par l’Education Nationale, et sera instituteur à l’école élémentaire  à Saint-Antoine l’Abbaye. Mais rapidement il va se tourner vers l’enseignement spécialisé organisant puis dirigeant plusieurs établissements : pour enfants caractériels de 6 à 14 ans pour délinquants de 10 à 21 ans,  pour garçons de 8 à 15 ans de l’Oeuvre des Villages d’Enfants, pour garçons de 12 à 20 ans, exclus des lycées et collèges pour mauvaise conduite. Pour Aimé se consacrait dans ces établissements aux enfants en danger, c’est poursuivre ses engagements et faire vivre et transmettre ses valeurs celles des BDL, celles de la Résistance, la tolérance, la solidarité, la fraternité. Comme ses dignes prédécesseurs, hussards noirs de la République il croit au pouvoir de l’éducation du savoir, de la dignité et veut donner à chacun toutes les chances  pour se

construire un avenir meilleur, comme il l’a fait de 40 à 45 pour la France.

Aimé s’est marié en septembre 1945, a eu deux fils et toute sa vie il a continué à œuvrer avec les BDL, créant avec son camarade Rober Collomb, qui nous a quitté en février  dernier, l’amicale de la section des Anciens Porte. Il témoignera inlassablement auprès des jeunes dans les écoles, dans « résistances en chemin ». Jusqu’à ses derniers jours il tiendra à bout de bras la magnifique cérémonie de la mémoire et du cœur au Poursellet chaque 13 aout où il rendait un vibrant hommage à ses copains disparus.  Aujourd’hui il reste bien peu de « Porte » et de BDL, le temps, lui aussi assassin, a fait son travail. Mais il restera pour toujours, inscrit dans l’histoire de la Résistance, ces jeunes élèves instituteurs qui surent parce que l’honneur de la France était bafouer, abandonner leurs plumes et leurs cahiers, prendre un bazouka une sten, une grenade et écrire en lettres d’or sur les murs de notre pays le mot liberté.

 

Un peu plus de détails

le 6 juillet 44 , Attaque du Château de la Milice,  défendu par les Allemands, à Uriage. Revenu sur les lieux pour récupérer un sac de grenades et de documents oublié, il est blessé en forçant un barrage de miliciens. Il est hospitalisé à Huez  pendant 2 ou 3 semaines.

 

septembre 1944 :campagne de Maurienne, avec le 1er  B.I.C. (Bataillon d’Infanterie Coloniale) formé avec les maquisards  de l’Oisans.   Il participe à l’attaque d’un fort tenu par les allemands, l’Arrondaz. Echec.

octobre I944 : Organisation du 11ème B.C.A. Il est affecté  à cette unité,  envoyé en stage  au camp des Chambarands, puis au fort de l’Essayon  pour une admission  à l’Ecole  d’Officiers de Cherchell. Admis. Il n'y va pas. Il participe  à la tête d’un groupe muni d’un  bazooka (arme nouvelle pour le bataillon)  à l’attaque victorieuse du fort du Montfroid           

avril-mai 1945 :  Il entre en Italie,  va jusqu’aux environs de Turin. Retour en France.

septembre I945 : Est démobilisé à Montbarrey  (Jura), appelé par l’Education Nationale   (22-08-1945)

 

1945-46 : Instituteur école élémentaire  à Saint-Antoine-38

 Organisation puis Direction des établissements suivants :

1946-48 : Centre d’Observation -avec internat- de Saint Ferjus, à La Tronche pour enfants caractériels de 6 à 14 ans.      

1948-52 : Cours complémentaire de Beauregard annexé  au Centre de délinquants de 10 à 21 ans du Chevalon de Voreppe-38

1952-71 : Institut Médico-éducatif -avec internat- pour garçons de 8 à 15 ans, de l’Oeuvre des Villages d’Enfants, à Gières,  puis à Biviers

1971-78 : Ecole Municipale Professionnelle de Perfectionnement Jean Macé pour garçons de 12 à 20 ans, exclus des lycées et collèges pour mauvaise conduite.

 

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Commentaires
G
La gorge nouée,car j'ignorais sa disparition, je viens de lire ce bel article à la mémoire d'Aimé. Je l'ai croisé dans ma vie. Juillet-août 1944, enfant, réfugié à St Barthélémy de Séchilienne ,j'ai vu passer les troupes allemandes avec les "Mongols" monter au Poursollet par la Mure. Si j'avais su ...Normalien, en 1959, j'ai fait un stage d'un mois au centre des Villages d'Enfants à Gieres et j'ai apprécié Aimé et beaucoup appris de lui. Puis, au hasard de ma carrière de haut fonctionnaire, il est venu un jour dans mon bureau à la Région Rhône Alpes, défendre un dossier pour enfants handicapés.. Honneur à cet homme debout.<br /> <br /> Yves GONDRAN.LYON.
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J
bonjours j,aimerai savoir ce qu,ai devenu le village d,enfant de gieres car j,ai bien connu monsieur berthollet car j,etait en internat pendant 4 ans j,avait 8 ans en 1952 a1956 et c,etait un tres bon directeur d,internat et tres sympa j,ai 72ans et toujours petite pensée pour ces moments passer a gieres merci d,avance
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