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A.N.A.C.R. ISERE
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  • blog d'information relayant les activités de la section isèroise de L'Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance. 64 rue Ampère - 38000 Grenoble Tél : 04 76 47 04 49 / Fax : 04 76 47 43 21
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28 octobre 2020

Alfred Rolland - Féfé- est décédé victime du

 

Féfé lit R I

Alfred Rolland - Féfé- est décédé victime du coronavirus. Vice président départemental de l'ANACR Isère, sa disparition va laisser un grand vide. Le journal Résistance Isère, dans son n° de Décembre 2020 reviendra longuement sur sa vie et son parcours de Résistant, portrait qui sera ensuite publié sur ce blog. En attendant rapide regard sur les engagements exemplaires d'un homme entré en Résistance à 16 ans

Alfred Rolland, alias Jean Dupré (dans la Résistance)

 Né le 26 09 1927 à Romans, 38. Entré en Résistance dès 16 ans, ses premiers actes consistèrent à distribuer des journaux clandestins et transporter des ramettes de papier pour l’impression de tracts. Il devient agent de liaison. Il rejoint en mars 1944, le 3e bataillon FTPF –FFI sur le secteur de Proveysieux en Chartreuse

Il participe aux opérations menées par le 3e bataillon : sabotages des voies de chemin de fer, ponts, câbles de téléphone, pylônes électriques, récupérations de fonds.

C’est suite à la récupération de la paye de l’usine des Tissages de la Monta qu’il est arrêté avec son chef par les gendarmes puis libéré par ses camarades. Avec son père Joseph Rolland, Résistant, il gagne le maquis en juin 1944 jusqu’à la libération de St Egrève à laquelle il participera avec ses camarades maquisards.

Après la libération il travaille comme plombier, se marie, a quatre enfants.

A la retraite il va se consacrer à transmettre l’histoire de la Résistance et témoignera dans les lycées, collèges et depuis quelques années également dans les écoles primaires dans tout le département. Il intervient  dans des évènements organisés par le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère.

Elu de nombreuses années au Conseil Municipal de St Egrève. Il est à l’origine, il y a 35 ans de la Foulée du Souvenir, une course dans St Egrève qui passe par les rues aux noms de Résistants.

Il est aussi à l’origine de la « Sentinelle de la Mémoire » inaugurée  le 11 octobre 1997 monument érigé à St Egrève qui rappelle que des hommes et des femmes  du 3ème Bataillon FTPF  ont participé très activement à la Résistance, et quelques-uns jusqu’au sacrifice de leur vie.

 Il participait activement, depuis leur création, aux « chemins de la Mémoire  à Grenoble » organisée par la Ligue de l’Enseignement.

Président départemental de l’Amicale des FTPF-FNR de l’Isère

Président d’honneur de l’UFAC Isère

Vice-Président départemental de l’ANACR Isère

Membre honoraire du Bureau National de l’ANACR

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Discours de la Présidente départementale de l'ANACR le lundi 26 octobre lors des obsèques de Féfé Rolland

 

Féfé est mort et nous sommes abasourdis, affreux Covid ! Féfé est mort et ces mots semblent dénués de sens. Ils résonnent incongrus dans cette salle,  ils arrachent de nos cœurs une part de bonheur, ils vont tracer pour longtemps, pour toujours, une absence inconsolable pour vous sa famille, pour nous ses amis, pour l’ANACR de l’Isère son association à laquelle il a tant donné.

Féfé, avec ses cheveux blancs, ses yeux malicieux, son sourire amical, son rire communicatif   était une énergie, une force de conviction, une chaleur humaine qui entraînaient la sympathie, l’affection, l’amitié. Mais avant tout, c’était un homme debout, toujours, quelle que soit l’adversité traversée. Il inspirait le respect et les nombreux messages reçus à l’ANACR témoignent tous de l’honneur que chacun ressent à l’avoir connu, à avoir travaillé à ses cotés. 

Ce qui a forgé l’homme modeste et pourtant remarquable qu’il était ce fut la Résistance. Cette Résistance française née du refus de vivre à genoux. Raconter son parcours demanderait du temps, d’autres vont certainement en parler et Féfé a laissé de nombreux écrits, interviews, à lire ou relire pour comprendre, alors plutôt que de dire les faits, je veux ici dire les raisons de son engagement. Et la première c’est incontestablement son père Joseph Rolland " Fend la bise " si bellement raconté par sa fille Andrée. Communiste bien avant guerre, antifasciste, prisonnier en Allemagne, évadé puis résistant dans le 3 bataillon FTP de Chartreuse, maquisard, Joseph Rolland était de ceux, levés à l’aube de la Résistance dauphinoise, dont Pierre Fugain disait qu’ils avaient été Résistants parce que communistes.  Ce père qui sut, non seulement montrer le chemin à suivre, mais surtout inculqué à ses enfants ses valeurs.  Ces valeurs humanistes sont les raisons profondes des luttes que Féfé  mènera sans relâche de 1943 à ses derniers jours. Valeurs nées dans l’extraordinaire creuset de la révolution française de 1789, attaquées par les ligues fascistes de 1934, écrasées dans la tourmente de la seconde guerre mondiale, moribondes sous l’état pétainiste, renaissantes de leurs cendres grâce à ces hommes et ces femmes qui, durant 4 ans, n’avaient qu’une volonté chevillée au corps et au cœur - notre belle devise – Liberté, Egalité, Fraternité. Ces mots qui, aujourd’hui, comme un phare, continuent, même si certains veulent les rayer de notre historie passée et présente, d’éclairer le fronton de la France. Féfé était un farouche combattant de la Paix et des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes et cela fait sens avec son combat libérateur contre l’idéologie nazie. Enfin, et ce n’est pas la moindre des raisons de ses engagements, il voulait un monde meilleur, un monde de justice sociale et c’est pour cela qu’il était si attaché à défendre les conquis de Programme du CNR  issus directement de la Résistance.

Alors c’est tout naturellement qu’il a rejoint l’ANACR. Pour Féfé il était important, pour ne pas risquer un jour de vivre des évènements terribles comme ceux du 20e siècle, de transmettre l’histoire de la Résistance, celles des Résistants et Résistantes. D’où ses centaines de rencontres avec les jeunes dans les lycées, les collèges, avec Résistances en chemin de la Ligue de l’enseignement, avec les rendez-vous de la Résistance  de l’ANACR. Pour Féfé être à l’ANACR était une évidence, un lieu où se construisait la mémoire, où elle se transmettait. Grâce à son acharnement militant, il a obtenu de belles victoires : le Mur du Souvenir à Grenoble avec l’hommage aux FTPF et à Pierre Fleureau secrétaire du CDLN, la Sentinelle de la Mémoire  à St Egrève, et en 2017 le colloque organisé avec le Musée de la Résistance où, sous la présidence de Féfé, d’éminents historiens sont venus exposer leurs sérieuses recherches sur les FTP en Isère-Savoie-Hautes Alpes. Un livre a été publié, les actions et le rôle des bataillons FTP dans notre région ne pourront plus être remis en question.


Féfé a été de tous les grands combats de l’ANACR, il a été membre du Bureau National, puis quand le temps est arrivé de penser à l’après-résistant, loi biologique implacable,  il a mis toute sa confiance dans les Amis de la Résistance afin qu’ils continuent le travail de l’ANACR et qu’après avoir soutenu les murs de la maison, ils ouvrent grands portes et fenêtres pour que respire encore longtemps notre association. Devenu Vice président départemental, Féfé a apporté ses réflexions, ses idées, ses envies d’agir, ses encouragements et chaque membre du Bureau départemental a partagé avec lui des moments forts, inspirants, drôles, émouvants.

Comment allons-nous pouvoir nous passer de cette figure tutélaire ? Comment dans les semaines, les mois à venir, allons nous tenir la barre sans nos résistants, nos résistantes qui, peu à peu, sont partis, partent ? Certes, Féfé depuis quelque temps était moins actif, ne pouvait plus venir à nos réunions mais nous le savions toujours attentif à l’ANACR, à Résistance Isère, à notre revue spéciale du 50e anniversaire, à nos rendez-vous de la Résistance. Nous savions qu’il était là et que nous pourrions encore nous adresser à lui.

 Notre Féfé nous a quittés et nous sommes orphelins.

Demain nous continuerons pour lui et pour tous ses camarades de la Résistance que nous avons tant aimés et admirés, demain nous serons actifs, entreprenants, peut-être même intelligents, nous aurons des idées. Mais pas aujourd’hui, pas maintenant. Maintenant vient le temps de l’adieu et des larmes et avec Yves Montand laissez moi vous dire que C'est de ce temps-là que je garde au cœur une plaie ouverte.

Poeme  de Robert Desnos

Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu'il bat pour le combat et la bataille ! 

Ce cœur qui ne battait qu'au rythme des marées, à celui des saisons,
à celui des heures du jour et de la nuit,
Voilà qu'il se gonfle et qu'il envoie dans les veines
un sang brûlant de salpêtre et de haine.
Et qu'il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent
Et qu'il n'est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne
Comme le son d'une cloche appelant à l'émeute et au combat.
Ecoutez, je l'entends qui me revient renvoyé par les échos.


Mais non, c'est le bruit d'autres cœurs, de millions d'autres cœurs
battant comme le mien à travers la France.
Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs,
Leur bruit est celui de la mer à l'assaut des falaises
Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d'ordre :
Révolte contre Hitler et mort à ses partisans !
Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons,
Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères
Et des millions de Français se préparent dans l'ombre
à la besogne que l'aube proche leur imposera.
Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté
au rythme même des saisons et des marées,
du jour et de la nuit.

 

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