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A.N.A.C.R. ISERE
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  • blog d'information relayant les activités de la section isèroise de L'Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance. 64 rue Ampère - 38000 Grenoble Tél : 04 76 47 04 49 / Fax : 04 76 47 43 21
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3 juillet 2018

Journée Nationale de la Résistance

Journée nationale de la Résistance  

La cérémonie s'est tenue à Grenoble le 29 mai devant la stèle Jean Moulin.

DSCN1716

Lecture de textes par des lycéens de la Cité Scolaire Internationale

Intervention de Fabien Malbet, adjoint au Maire de Grenoble

Monsieur le Sous-Préfet Charles BARBIER Monsieur le Vice-Président du Département Jean-Claude PEYRIN Madame la Conseillère régionale Nathalie BERANGER Capitaine Jean-Paul TOURNEBISE représentant le Commandant de la 27ème Brigade d’Infanterie de Montagne Madame la Présidente de l’ANACR Martine PETERS Chers élèves et enseignants du lycée de la Cité Scolaire Internationale Mesdames et Messieurs
En cette Journée nationale de la Résistance, en tant que représentant du Maire de Grenoble, je suis très heureux que nous soyons réunis aujourd’hui dans ce lieu de notre ville qui porte ce nom particulièrement évocateur de « Place de la Résistance ».

La Seconde Guerre mondiale s’est achevée il y a 73 ans. Peu à peu, le temps nous éloigne de ce moment de notre Histoire où s’est abattue sur nous l’une des plus sombres tragédies du siècle dernier. Pour autant, cette période reste très présente dans nos esprits, dans nos mémoires, dans la façon dont nous pensons notre présent. Ce qui s’est passé pendant la guerre et juste après la guerre a laissé des traces profondes dans notre société jusqu’à aujourd’hui. Parmi ce qu’il y a de plus marquant, je pense évidemment à l’engagement hors du commun des femmes et des hommes qui sont entrés en Résistance contre le régime de Vichy et contre le nazisme. Ces femmes et ces hommes venaient d’horizons très différents, leurs origines sociales étaient diverses, tout comme leurs sensibilités philosophiques, politiques et religieuses. Parmi eux figuraient des instituteurs, des ouvrières, des paysans, des journalistes, des militaires, des commerçantes, des chefs d’entreprises et aussi des étrangers… Pour tous, faire le choix de la Résistance, c’était prendre des risques énormes. Qu’il s’agisse de transmette des renseignements, de cacher des Juifs ou d’autres Résistants, de fabriquer de faux papiers ou des journaux clandestins ou bien encore de conduire des actions armées, choisir de résister pouvait signifier être arrêté, torturé, déporté et même tué. Pour autant, ces Résistants ne pouvaient se résoudre à rester passifs face à l’oppression. Chacune d’elles et chacun d’eux demeure aujourd’hui pour nous un modèle de vertu et de courage.

Comme je l’ai dit, parmi ces Résistantes et Résistants de France, figuraient de nombreuses personnes d’origine étrangère, prêtes à donner leur vie pour que notre pays retrouve sa liberté et sa dignité. Je pense en particulier à Mélinée et Missak Manouchian que la Ville de Grenoble a décidé d’honorer samedi dernier en donnant leur nom à une rue de Grenoble tout près de la nouvelle école Simone Lagrange. Mélinée et Missak étaient tous les deux des orphelins du génocide des Arméniens, amoureux de la France et des valeurs de la République. Révoltés face au sort des Juifs, le couple a choisi d’entrer en Résistance, et Missak y a laissé sa vie en février 1944. Notre ville, Grenoble, a fait le choix de rendre hommage à leur courage et à leur dignité bien sûr, mais aussi de saluer l’esprit de paix qu’ils ont porté. Car « résister », c’est suivre un idéal de justice et de paix, un horizon de fraternité. Dans la lettre qu’il adresse à sa femme bien-aimée juste avant d’être exécuté par les nazis, Missak Manouchian écrit des mots d’une sagesse immense. « Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée, Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. (…) Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit. (…) Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre. » C’est aussi ça l’esprit de Résistance qui nous est cher. C’est cet esprit d’union et de paix, cette conviction qu’il est possible de construire une société solidaire et fraternelle.

Grenoble, déclarée « ville héroïque à la pointe de la résistance française et du combat pour la libération » par décret du 9 mai 1944, a une responsabilité particulière pour continuer à faire vivre cette flamme de la Résistance, pour continuer à porter haut et fort ces valeurs ! - C’est pour cela que nous affirmons aujourd’hui que Grenoble est riche de toutes les personnes qui la composent quelles que soient leurs origines ! - C’est pour cela que nous déclarons aujourd’hui Grenoble « ville solidaire et ouverte » ! - C’est ce qui nous conduit aussi à nous dresser contre l’esprit de haine et d’exclusion ! - C’est ce qui nous amène à nous opposer contre l’idée que la solidarité est un délit ! - C’est ce qui nous pousse à nous insurger contre la tentative absurde de dresser des barrières toujours plus hautes autour de l’Europe et de la France soit disant pour barrer la route de l’exil à celles et ceux qui fuient la guerre, la misère et les exactions de toutes sortes. Je suis convaincu que cet esprit d’ouverture et de fraternité doit nous guider chaque jour —et pas seulement en saluant de façon exceptionnelle un acte héroïque individuel— en créant une société véritablement ouverte qui permette à chacune et chacun de trouver sa place dans la dignité. En cette Journée nationale de la Résistance, rappelons nous qu’au sortir de la guerre, le programme du Conseil national de la Résistance a constitué un vrai souffle de liberté, de démocratie et de rénovation sociale. Il a posé les bases d’un monde plus juste, plus humain, bien loin des idéologies de haine qui venaient de tout ravager – jusqu’à l’idée même d’humanité.

En tant qu’adjoint en charge de l’éducation, je voudrais saluer aujourd’hui les élèves et les enseignants de la Cité Scolaire Internationale qui se sont mobilisés à l’occasion de cette journée. C’est vous qui continuerez demain à faire vivre ces valeurs qui nous sont si précieuses. Au fronton de chaque école de Grenoble, nous avons souhaité que soit inscrite, de manière claire et visible, la devise républicaine portée par les drapeaux français et européen. C’est le symbole de notre attachement commun à ces valeurs si belles et si justes, qui nous rassemblent par-delà nos différences. C’est pour le respect et la mise en application de ces principes que les Résistantes et les Résistants se sont engagés, souvent au péril de leur vie. Alors merci à chacune et chacun de vous de continuer de faire vivre, de faire grandir, et de rendre encore plus forts que jamais ces trois mots pour lesquels les Résistantes et Résistants se sont battus : Liberté, Égalité, Fraternité.

Je vous remercie.

Intervention de Martine Peters, Présidente déléguée départementale - ANACR

1943-2018, nous célébrons ce matin le 75e anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance. En effet, le 27 mai 1943, au cœur de Paris occupé depuis l’Armistice de juin 1940 par la Wehrmacht nazie, avec le concours des forces de répression du régime collaborateur que présidait Pétain, se réunissaient  48 rue du Four les représentants de huit grands mouvements de Résistance, de six partis politiques résistants ainsi que de deux centrales syndicales clandestines, autour de Jean Moulin, premier président du CNR. Lorsque, le 1 janvier 1942, Jean Moulin fut parachuté en France, la Résistance n'était encore qu'un désordre de courage dira Malraux. Il lui faudra des mois d’efforts pour surmonter toutes les difficultés et réunir ces 16 hommes autour de lui, dans les conditions terribles de la clandestinité.

 Jean Moulin fin lettré, dessinateur, est un haut fonctionnaire de l’Etat, il a appartenu à plusieurs cabinets ministériels dont celui de Pierre Cot, Ministre de l'Air dans le gouvernement du Front populaire, il s'engagera dans l'aide clandestine à l'Espagne républicaine. Plus jeune préfet de France en 1937, il est nommé à Rodez en 1938 puis à Chartres l'année suivante. C’est là qu’il tenta de se suicider le 17 juin 1940, pour ne pas risquer de céder à l’occupant lui enjoignant d’accuser faussement, de meurtre de civils, des soldats sénégalais de l’armée française. Révoqué par l’administration pétainiste, il est entré en résistance dès novembre 1940 et s’est consacré au rassemblement de toutes les forces de la Résistance. "Rex" ou " Max ", ce Carnot de la Résistance, homme de conviction mais aussi visionnaire, décida d’aller à Londres demander à Charles de Gaulle de lui confier une mission de coordination de la Résistance. Le général le désignera  comme son unique représentant  et le délégué du Comité National Français, chargé d’unir les résistances intérieure et extérieure.

Suite à l'arrestation à Paris, du général Delestraint qui décapite l'Armée secrète et pour organiser rapidement la relève, Moulin  convoque les responsables le 21 juin 1943 à Caluire chez le Docteur Dugoujon. Mais à la suite de dénonciations, la police de sécurité allemande menée par Klaus Barbie intervient : tous sont arrêtés et emmenés à la prison du Fort Montluc. Interrogé par Barbie qui l'identifie après deux ou trois jours, Jean Moulin ne dit rien. Il est transféré à Paris, atrocement torturé, son état de santé est désespéré, c'est vraisemblablement pour tenter de le soigner et de le conserver comme otage qu'il est transféré en Allemagne. C'est dans le train, quelque part entre Metz et Francfort, alors qu'il n'a déjà plus figure humaine, qu'il meurt le 8 juillet 1943. Ses cendres, jusqu'alors déposées au Père Lachaise, ont été transférées au Panthéon le 19 décembre 1964.

Le CNR renforça la légitimité du chef de la France libre auprès des Alliés, car il représentait ainsi la France Combattante tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Il permit aussi la mise en place dès la fin 1943 des Comités locaux et départementaux de la Libération, la création début 1944 des Forces Françaises de l’Intérieur, la publication le 15 mars 1944 du Programme du CNR, qui dessina les contours d’une France démocratique sur les plans politique, économique, social, d’une France solidaire, et dont nombre des avancées découlant de sa mise en œuvre à la Libération sont encore présentes dans notre vie démocratique et sociale.

 L’Etat français, régime félon, participera à la répression contre les démocrates, les patriotes, pourchassés, torturés, fusillés, massacrés, déportés dans les camps de concentration, aux persécutions raciales antisémites  décidées par les nazis,  aboutissant à la déportation de plus de 70 000 hommes, femmes et enfants vers les camps de la mort  d’où bien peu revinrent. Sur le sol national occupé, des femmes et des hommes refusant la collaboration, l’occupation du pays, l’assassinat de la République, la suppression des libertés, ont affirmé leur volonté de poursuivre le combat. A l’extérieur après son Appel du 18 juin1940, des Français libres se rassemblent autour du général de Gaulle, en Afrique, en Asie, dans le Pacifique plusieurs territoires alors de souveraineté française se rallient, permettant la reconstitution des forces armées terrestres, navales, aériennes françaises libres, qui participeront aux côtés des Alliés à la lutte contre l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et le Japon militaro-fasciste, contribuant, le moment venu, à la libération de la France, à la victoire sur les fascismes.

 Les valeurs  humanistes de la devise de notre pays - liberté, égalité, fraternité - venue de la Révolution française, motivèrent l’engagement des Résistantes, des Résistants, des Français libres.  73 ans après la fin de la seconde guerre mondiale qu’en est-il ? Guerre, oppression, racisme, discriminations et épurations ethniques, persécutions religieuses, sous-développement social, culturel de populations entières, actes de terrorisme barbare frappant aveuglément, sont les fléaux de ce début de 21e siècle, loin des idéaux des Résistants. Et qu’en est-il de la bête immonde dont, en  1945, les peuples espéraient être définitivement débarrassés. Tapis dans les recoins boueux de sociétés en perte de valeurs, elle et ses rejetons relèvent la tête, retrouvent une audience qui va croissante  de l’Europe du Nord à celle du Sud avec dans plusieurs parlements l’entrée de partis ouvertement néonazi. Ici aussi, dans le pays de la déclaration des Droits de l’homme, les idées liberticides enflent, se nourrissent de la peur des autres,  de la  xénophobie, faisant des immigrés, des réfugiés fuyant les persécutions, les guerres, la pauvreté, la famine, les responsables de maux que connaît notre société, suscitant des déclarations souvent insupportables, ne venant hélas pas seulement des extrêmes-droites, et des actes ignobles qui véhiculent haine, exclusion, nationalisme exacerbé

 Depuis 5 ans, Grenoble et de nombreuses communes françaises célèbrent officiellement la Journée Nationale de la Résistance, inscrite au calendrier de la France. Cette Journée, arrachée au Parlement après une lutte de plus de 25 ans par l’Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance, soutenue entre autres par la FNDIRP et l’UFAC constitue avec l’appel du 18 juin et la journée de la Déportation un bloc cohérent et mémoriel rendant un hommage mérité à ceux qui engagèrent, toutes leurs forces, jusqu’au sacrifice suprême, dans le terrible combat pour le retour de la liberté, de la démocratie.  Merci à la municipalité de Grenoble de son soutien, chaque année, pour un moment privilégié de passage de la mémoire aux générations contemporaines. Merci à Monsieur le Sous-préfet représentant Monsieur le Préfet, merci aux personnalités, membres des associations, porte-drapeaux présents. Nos remerciements chaleureux vont à ces jeunes lycéens et à leur enseignant. Ils sont la preuve qu’aujourd’hui les jeunes ne sont pas indifférents à ce passé si lointain pour eux, qu’ils sont conscients que les motivations, les engagements de leurs aînés sont, non seulement un moment capital de l’histoire, mais aussi un message pour éviter qu’un jour reviennent des temps d’obscurantisme et de dictature.

 Ils doivent savoir que leur futur est entre leurs mains comme l’avaient compris  Jean Moulin et ses compagnons de combat qui, dans un pays écrasé par le défaitisme, la guerre, au plus noir de la nuit de l’occupation et de la barbarie, n’ont jamais renoncé à la lutte, à l’espoir de vaincre, à celui d’un futur meilleur.

 Là où se trouve une volonté, se trouve un chemin a dit Winston Churchill. Par-delà leurs différents, les hommes de l’ombre s’unirent pour rendre à notre pays sa liberté, sa conscience, son humanité.  Ils firent que la flamme de la Résistance s’élève haut et suivant le chemin de l’honneur ils demeurent, avec le haute figure de Jean Moulin, à jamais le visage de la France.

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Intervention de Charles Barbier, Sous- Préfet , Directeur de Cabinet du Préfét de l'Isère

Charles Barbier donne lecture du message de Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées 

 

 

« Aujourd’hui, la France honore l’armée de l’ombre et salue ses héros de la Résistance. La Nation reconnaissante rend hommage à ceux qui malgré la répression, entrèrent dans l’histoire par la force d’un refus et par la puissance de leur engagement.  Ils surent saisir le drapeau de l’honneur pour le hisser aux côtés de l’étendard de la liberté.  Aujourd’hui la France se souvient de la création du Conseil National de la Résistance.

Dans la tourmente de l’Occupation et des heures sombres, le 27 mai 1943, il y a soixante-quinze ans, dans un appartement parisien, 48, rue du Four, les représentants de huit mouvements de Résistance, de six partis politiques et de deux syndicats, décidèrent d’unir leurs forces pour lutter contre l’occupant. Pour que rien ne soit improvisé, pour que tout soit préparé, pour que le progrès réponde à l’abaissement vichyste, ils préparèrent les réformes de la France libérée.

 

En dépassant les différences et les clivages, ils répondirent à une exigence, celle de l’unité. Sous les auspices de Jean Moulin, ils firent d’un « désordre de courage », une armée de l’intérieur prête à relever la République.

 

La jeunesse de France joua un rôle éminent dans la Résistance. Saluons la mémoire des lycéens et étudiants. Souvenons-nous des jeunes Français qui résistèrent ou prirent les armes dans les maquis de toute la France.

 

Cette Journée nationale est un appel à la jeunesse. Nous l’invitons à se souvenir, à perpétuer la mémoire et à faire sienne les valeurs du CNR.

 

En ce soixante-quinzième anniversaire, la Résistance demeure une source d’admiration et un exemple d’unité dans l’épreuve. Attachés aux valeurs humanistes, à la dignité humaine, à la liberté, à l’égalité et à la fraternité, nous devons faire vivre encore et toujours l’esprit du 27 mai 1943 pour que la flamme de la Résistance ne s’éteigne jamais ».

 

 

 

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