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A.N.A.C.R. ISERE
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  • blog d'information relayant les activités de la section isèroise de L'Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance. 64 rue Ampère - 38000 Grenoble Tél : 04 76 47 04 49 / Fax : 04 76 47 43 21
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8 juillet 2014

Denise Meunier, Chevalier de la Légion d'Honneur

Le 24 mai 2014 Denise Meunier, co-présidente de l'ANACR Isère recevait les insignes de Chevalier dans l'ordre national de la Légion d'Honneur.

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Christine Crifo, Vice Présidente du CG, Denise Meunier, Evelyne Guigon, David Queiros, Patricia Ridel

Les interventions lors de la réception dans la cour du Musée de la Résistance et de la Déportation

Denise Meunier co-présidente ANACR Isère

Je suis très honorée de la distinction qui m'est remise, mais je ne suis qu'un maillon d'une grande chaîne et cette légion d'honneur je veux la dédier à toutes les femmes résistantes. Elles sont souvent oubliées, ignorées. Et pourtant elles eurent un rôle essentiel, reconnu par l'historien Henri Noguères qui en parle ainsi :

« Il en fut des femmes dans la Résistance comme il en est quotidiennement des femmes dans la vie. Elle y ont fait toutes les choses qu'elles seules pouvaient faire, ou qu'elles pouvaient faire indiscutablement mieux que les hommes. Elle y ont fait aussi, et tout aussi bien que les hommes, tout ce que les hommes faisaient ». Fin de citation.

Leurs motivations étaient les mêmes que celles des hommes : chasser l'occupant, libérer la patrie et éliminer à tout jamais l'idéologie nazie et le pétainisme fascisant. Pour tous et toutes, résister c'était refuser d'être humiliés, asservis, privés de liberté et de la dignité d'être humain.

Les femmes furent plus particulièrement atteintes par un aspect de l'occupation : le rationnement, causé par le pillage des ressources du pays. Pour une mère, c'est terrible de ne pas pouvoir donner à ses enfants la nourriture dont ils ont besoin. Sans compter le manque de vêtements, de chauffage, de produits d'hygiène et d'entretien, les queues à faire à la porte des magasins, tout ce qui rendait leur vie plus difficile.

Lorsque vinrent les exécutions, les massacres, les déportations, elles en furent profondément révoltées et prêtes comme toujours à apporter leur aide aux personnes dans le malheur.

Elles auraient pu se borner à leur rôle traditionnel d'assistance, ce ne fut pas le cas, elles participèrent à la Résistance sous toutes ses formes, comme les hommes. Elles étaient partout : dans les Forces Françaises Libres, dans les réseaux de renseignement, dans les mouvements, dans la guérilla, les groupes francs de l'Armée Secrète, les bataillons FTP et les maquis. Avec une réserve cependant : rares sont celles qui ont combattu les armes à la main, comme Ariel de Vizille et Marie Jeanne des Chambarrands. Dans l'armée, dans les maquis, elles exercèrent leurs habituelles fonctions d'infirmières, assistantes sociales, secrétaires, partageant la dure vie et les dangers de leurs camarades masculins.

Lors de la création du STO, ce sont bien souvent les femmes qui ont appelé la population à s'opposer au départ des requis : ainsi, à La Mure, elles entraînèrent 2 000 personnes et les jeunes mineurs de fond ne partirent pas.

Cependant, les femmes participèrent à l'action armée en pratiquant des sabotages comme Ginette Vincent de Fontaine ou en fabriquant des explosifs comme Yvonne Bonthoux de Vizille qui transformait des bouteilles de champagne en cocktails molotov, comme les femmes des FTP-MOI du bataillon Carmagnole-Liberté.

Elles étaient particulièrement nombreuses dans certaines professions où elles rendirent d'énormes services : postières interceptant et transmettant des renseignement, secrétaires de mairie récupérant des cartes de rationnement, fournissant comme Mimi Mingat de Domène des faux papiers aux juifs et aux clandestins.

Mais la mission que les femmes ont accomplie mieux que les hommes ne pouvaient le faire, c'est celle d'agent de liaison. Transporter le ravitaillement, promener le bébé dans son landau, cela justifiait les nombreux déplacements, alors que les hommes étaient suspects, surtout à partir du moment où ils furent réquisitionnés pour le STO. Lors d'un contrôle, une jeune fille paraissait bien inoffensive et le charme féminin pouvait opérer : un sourire et des astuces telles que le bouquet de fleurs sur la valise ou les cerises dans le panier ont permis d'échapper à des fouilles. C'était pourtant une mission rude et dangereuse que de franchir les barrages en transportant des messages, de l'argent et parfois des armes.

Je pense à mes amies normandes, Paulette Michaut et Jeanne Malenfant, jeunes institutrices, agents de liaison, effectuant par tous les temps ( et en Normandie, ça veut dire quelque chose!) des kilomètres et des kilomètres en vélo. Je pense aussi à ma camarade Berthe Ravaud, 50 ans, ouvrière du textile, qui hébergeait dans sa modeste demeure des clandestins FTP et à Marie Thérèse Fainstein qui imprimait chez moi un journal clandestin.

Je pense aussi à mes camarades dauphinoises, Monique Rolland, infatigable responsable des agents de liaison de l'état-major FTP de l'Isère, Paulette Roche de St Egrève, Léo Blain et Geneviève dite Germaine du Vercors, Simone Jouandet, et tant d'autres.

On comptait également sur nous pour accompagner (on disait convoyer) un réfractaire au STO, le conduire à une cache ou un maquis (on simulait alors un couple d'amoureux). Dans les réseaux d'espionnage, c'étaient aussi les femmes qui convoyaient les pilotes d'avion tombés en France, pour les faire évader.

A toutes ces formes de Résistance organisée, il faut ajouter de multiples actions individuelles : héberger des juifs, recueillir leurs enfants, ainsi que l'ont fait Mimi, Paulette, Alice, héberger des clandestins, ravitailler les maquisards comme Justine Rey-Giraud, providence des Chambarrands où elle hébergeait, nourrissait, habillait ceux qu'elle appelait ses « petits ».

Sans toutes ces aides, y compris les plus modestes, anonymes, la Résistance n'aurait pu survivre ni se développer malgré une répression de plus en plus terrible.

Pour les nazis et leurs complices français des Brigades Spéciales et de la Milice, pas de discrimination entre hommes ou femmes pour emprisonner, torturer, exécuter, déporter. C'est toujours aussi douloureux pour moi de penser aux camarades que l'ai connues et qui ont subi l'horreur des camps, à Buchenwald, à Flossenburg, à Auschwitz, à Ravensbrück. Sur le convoi de 230 françaises arrivées à Auschwitz le 24 janvier 1943, 49 sont revenues. Pas la petite Claudine,  lycéenne, 17 ans, fille d'une amie, pas mon amie Suzanne Constantin, institutrice, … A Ravensbrück, camp spécialement réservé aux femmes, 10 000 sont passées, 2 000 ont survécu. Pas ma camarade Berthe Ravaud,  ma compagne de cellule de prison à Rouen avec Paulette Michaut ...

Après les multiples actions des femmes, menées au péril de leur vie, on aurait pu penser que leur rôle serait vraiment reconnu au lendemain de la Libération. Or, cela n'a pas été le cas. Aucune femme présidente d'un Comité Départemental de Libération. Une proportion infime des hautes distinctions leur fut accordée :

Compagnons de la Libération : 1059 hommes, 6 femmes   –                    Médailles de la Résistance : 46 000 hommes, 3 800 femmes.

Quant aux statistiques officielles, elles ne laissent apparaître qu'un nombre dérisoire de femmes résistantes par rapport à la réalité.

Pourquoi cette méconnaissance ? Sans doute d'abord parce que très rares sont les femmes qui se sont vu confier de hautes responsabilités. Il n'y en eut qu'une seule sur le plan nationale : Marie Madeleine Fourcade, commandant le réseau Alliance. Très peu sur le plan régional. Ainsi, dans la région Rhône Alpes, même Lucie Aubrac, dont on connaît les exploits et aussi l'activité à Libération Sud, n'occupa jamais un poste de direction. C'est seulement au niveau départemental qu'elles exercent des responsabilités élevées. Dans l'Isère, se sont Marie Reynoard, fondatrice du groupe Vérité et du journal Combat (elle est morte en déportation à Ravensbrück) et Margueritte Gonnet, fondatrice du mouvement Libération Sud à Grenoble.

Généralement, après la Libération, les femmes sont restées dans l'ombre. Celles qui n'étaient pas rattachées à des groupes de combat ou à des maquis se voyaient refuser le titre de combattante. Beaucoup ne l'ont pas sollicité. Celles qui n'avaient pas été membres d'une organisation, celles qui avaient été des complices et auxiliaires de leur mari, ne se sont pas elles-mêmes reconnues comme Résistantes à part entières. Dans l'ensemble, nous considérions avoir simplement fait ce qu'il fallait faire.

 Pourtant, chaque acte de Résistance, quel qu'il soit, participait à la Libération de la France.

 En conséquence, c'est le poids de toutes les actions accomplies par les femmes qui leur a valu d'obtenir le droit de vote il y a tout juste 70 ans. Il leur a été accordé par la décision de l'Assemblée Consultative d'Alger le 24 mars 1944, puis par l'ordonnance du Comité Français de Libération Nationale signée par le Général de Gaulle le 21 avril 1944. Il avait fallu pour cela une longue lutte revendicative durant tout le 20ème siècle, mais c'est l'action des femmes dans la Résistance qui a permis qu'elle aboutisse enfin.

 Notre engagement de Résistantes, c'était de lutter pour la liberté, la paix, la justice, le respect de la dignité humaine.

 C'est toujours cette volonté qui nous anime. Nous nous efforçons de la transmettre aux nouvelles générations. Nous sommes fiers à l'ANACR d'avoir enfin obtenu la reconnaissance de la journée du 27 mai, anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance comme Journée Nationale de la Résistance. Cela fait partie du travail de mémoire, mené fidèlement et intensément par notre association co-présidée par Martine Peters, inlassable ouvrière de l'organisation et de l'expression de notre activité pour que chacun et chacune connaisse le rôle et les valeurs de la Résistance, exerce sa vigilance, sache dire non aux oppressions, aux racismes, aux résurgences fascistes, à la guerre, à tout ce qui porte atteinte aux droits de l'être humain.

Martine Peters, Présidente Déléguée ANACR Isère

Dans la vie de notre association, il y des moments difficiles, comme hier, où nous avons accompagné notre ami Albert Potton, dans son ultime voyage, douleur partagée de perdre un de nos camarades Résistants. Et puis il y a, fort heureusement, des instants de joie et de bonheur, comme celui que nous allons ensemble vivre avec notre chère Denise.

Pour joindre la voix de l’ANACR aux hommages qui sont si justement rendus ce matin à Denise Meunier, je ne vais pas vous parler de son parcours résistant, d’autres vont bien certainement le faire. Je préfère évoquer quelques souvenirs qui, à mon sens, expliquent qui est Denise.

Quand  en 2006, Pierre Fugain décida de quitter la présidence de l’ANACR de l’Isère, il a tout de suite pensé à Denise pour le remplacer et j’ai assisté à une conversation téléphonique où Pierre, avec l’enthousiasme et la persuasion qu’on lui connaissait, voulait la convaincre qu’elle était la mieux placée pour lui succéder. Mais rien ni fit, et de sa petite voix calme et tranquille, Denise lui opposa un refus catégorique. Ce n’est que, face à la disparition terrible, au cours de l’année 2009, de Gabriel Madeva, Pierre Fugain et Jean Cerantola, nos présidents, qu’elle accepta de devenir Co présidente lors du Congrès de Grenoble, comprenant qu’il était indispensable que la présidence soit partagée entre une amie et une résistante, gage que l’ANACR restait fidèle à son histoire. Elle pensait que sa décision serait utile à  notre association  et qu’elle pouvait une fois de plus en la servant,  servir la Résistance. 

Un autre souvenir me revient. Un après midi au siège de l’ANACR, encore rue Millet, Denise était passée me dire bonjour. Et beau hasard, quelques instants auparavant, notre chère et regrettée Monique Rolland avait fait de même. Après quelques minutes de bavardage,  elles se mirent à évoquer des évènements de leur Résistance, faite pour l’une en Normandie, pour l’autre en Isère, toutes les deux dans les FTPF. Je les écoutais scotchée et un peu ahurie de voir ces deux sympathiques grand-mères, discrètes et presque timides, à qui on aurait donné le Bon Dieu sans confession comme on disait autrefois, se mettre à parler armes, évasions, combats, arrestations, dangers, recréant dans ce paisible bureau un tableau de feu, de sang mais aussi de scènes cocasses, de rires, de liberté. Quel bel après-midi et quel regret de n’avoir pas pu les enregistrer alors. Toutes deux, un peu pour elles, surement beaucoup pour moi, racontaient un petit bout de leur extraordinaire histoire comme quelque chose de naturel. Denise servait encore la mémoire de la Résistance.

27 avril 2002, une image forte marquera longtemps l’histoire de Grenoble, Compagnon de la Libération - 60000 isérois déferlant sur le Cours Jean Jaurès pour crier leur refus de l’insupportable présence du Front National, au nom usurpé, au second tour de l’élection présidentielle. En tête de cette gigantesque manif, la banderole de l’ANACR avec son slogan coup de poing Contre  Hitler, Pétain, le Pen même combat la Résistance. Cette banderole, que pas un des milliers de manifestants n’aurait songé à dépasser, était portée par des résistants dont Denise et  Monique, cote à cote, qui, fermement, s’y accrochaient de leurs mains pourtant fragiles. Rien, même mes appels à se reposer et à passer le relais, n’aurait pu les décider à céder leur place et elles traverseront durant plusieurs heures la ville sans faiblir. Parce que cette banderole, c’était plus que leur refus de Le Pen Président. C’était leur vie entière qu’elles tenaient, leur vie de combats, leur vie d’engagements, leur vie de souffrances et de victoires, les valeurs que, depuis leur plus jeune âge elles portaient en elles et que Denise porte toujours au cœur. Denise dans sa lutte incessante contre l’extrême droite et la résurgence de la bête immonde aux idées liberticides servait et sert encore les idéaux de la Résistance.

Le dernier souvenir que je voudrais vous faire partager est plus récent. Au cours de l’année 2013 Denise voulait venir me parler de la proposition répétée, de ses fils Jean Marc et François et du Maire de St Martin d’Hères René Proby, de présenter un dossier de demande de Légion d’honneur à son nom. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’était pas du tout favorable à cette demande et n’en voyait pas l’utilité. D’ailleurs, elle avait déjà refusé, dans le passé, une semblable démarche. A quoi bon, me dit- elle, après tout je n’ai fait que ce que je pensais juste,  mon devoir de française, dans le respect de mes convictions, comme des milliers d’autres. Ce jour là,  il m’a fallu batailler et argumenter longuement pour la convaincre. D’abord, il n’y a pas eu tant de français que cela qui s’engagèrent, comme elle, aux prémices de la Résistance et jusqu’au combat libérateur, et encore moins de femmes. Et puis tout son parcours après la Libération, ses multiples engagements, méritaient d’être reconnus par la Nation. Mais je crois que ce qui a fini par lui arracher un oui, encore un peu hésitant, fut l’argument que cette distinction rejaillirait sur les Résistantes qui, souvent, ont été, sinon oubliées, du moins évoquées avec frilosité. Pourtant ces femmes, dans la lutte pour la liberté, le Colonel Henri Rol Tanguy, chef FFI de l’insurrection parisienne, disait que, sans elles, les Résistants n’auraient pu faire et réussir tout ce qu’ils ont fait. Et Pierre Fugain avait aussi lors de nombreuses interventions rappelé le rôle essentiel des femmes agents de liaisons de son réseau de renseignement Reims Coty.

Alors dédier cette  distinction à toutes ses amies Résistantes ainsi qu’à toutes celles qu’elle n’a pas connues,  était un devoir inaliénable pour Denise. Et la présence, qui nous honore  ce matin, d’Evelyne Guigon, éminente Résistante, Vice présidente de l’ANACR Ardèche, qu’au nom de la direction de l’ANACR-Isère, je salue et remercie amicalement prouve que Denise  n’a accepté cette décoration que pour servir la cause des Résistantes ainsi que de l’ANACR pour qui s’est un grand honneur de la voir distinguée par le Président de la République.

Belle concordance avec le transfert futur au Panthéon, décidé par le Président de la République, des cendres de deux grandes Résistantes. Germaine Tillon et Geneviève Anthonioz De Gaulle, aux cotés de Pierre Brossolette et Jean Zay vont représenter le courage et l’humanité dont ont été capables les femmes et les hommes de notre pays, inscrivant, au fronton de ce noble édifice, les valeurs de la Résistance et de la République qui soudent notre identité commune. C’est un message fort aux jeunes générations à pérenniser et poursuivre leur combat. Ce combat auquel Denise a pris toute sa part.

Voilà, chers amis, ce que j’avais envie de vous dire de Denise. J’aurais pu raconter tellement encore, tant ses combats furent nombreux et exemplaires mais je connais sa modestie et son sentiment d’être une résistante ordinaire. Nous qui la connaissons bien au sein du bureau de l’ANACR et dans toutes nos initiatives auxquelles elle participe toujours avec beaucoup de courage et de volonté, malgré ses soucis de santé ou sa fatigue, répondant toujours présente,  nous savons qu’elle n’est pas une personne ordinaire.

Nous avons,  pour tout ce qu’elle a fait durant  sa vie, un immense respect. Nous ne pouvons oublier l’image de cette jeune institutrice toute menue, mais si forte de son amour pour son pays, si certaine de devoir tout faire pour sauver sa patrie menacée, qui traversera les années noires de l’occupation, malgré les risques terribles encourus par ceux qui résistaient aux occupants nazis et à leurs valets pétainistes, avec la certitude chevillée au corps que la liberté et la République renaîtraient dans une société rénovée, plus humaine, plus égalitaire, plus solidaire.

Denise, dont, vous l’avez compris, le moteur a toujours été de  servir le bien commun, pour la défense des droits de l’homme, pour la dignité humaine, pour un monde en paix,  a  rendu, avec ses camarades de combat, son honneur, un temps bafoué, à  la France.

Denise, aujourd’hui, c’est avec une profonde émotion que je veux, au nom de l’ANACR de l’Isère, te dire combien nous sommes tous fiers de cette haute distinction que tu vas recevoir dans quelques instants.

Je veux aussi te dire que c’est un immense privilège de te connaitre et  de travailler avec toi  pour que perdure le plus possible l’ANACR et les batailles que menèrent  nos illustres prédécesseurs. Mais c’est aussi, plus simplement, une belle aventure personnelle de faire une partie du chemin avec toi, chère amie Denise.  

 De toute mon affection je te souhaite un beau  moment de partage et d’amitiés avec tous ceux que tu aimes et je t’embrasse chaleureusement.

 Patricia Ridel , Adjointe au Maire de Dieppe

Le 19 août dernier, quelques instants après que te fut remise la médaille d'honneur de la ville de Dieppe, nous étions ensemble au soleil, attablés dans mon jardin, avec Catherine et Jean-Marc tes enfants.

Notre chère Marie-Thérèse qui s'est éteinte en décembre dernier, Marie-Thérèse Fainstein, ta camarade de l'école normale qui devint ta camarade de résistance, était là.

Vous évoquiez devant nous ces moments d'insouciance, d'espoir et de combat, où toutes jeunes mais déjà précurseurs des idées de la résistance, vous diffusiez la presse communiste dans "l'Avenir de Seine-Maritime" que vous rédigiez vous-mêmes, que vous éditiez, patiemment, feuille à feuille, et que vous diffusiez à la barbe des nazis.

Ces moments que nous avons partagés, entre l'école Florian où tu enseignais sous l'occupation aux enfants des pêcheurs et des dockers du Pollet, et ton appartement de la rue Saint-Rémy, les fêtes de la mer à la halle aux poissons, ces moments, resteront pour nous des souvenirs indélébiles.

Au-delà de mes sentiments et de mes émotions personnelles, permettez-moi, aussi, d'excuser monsieur le maire de Dieppe, Sébastien Jumel, qui à son plus grand regret, ne pouvait faire le déplacement, à la veille de l’échéance électorale des Européennes, et m’a demandé de représenter la Ville de Dieppe.

Il m’a demandé de transmettre, à vous tous et à vous toutes, ses amitiés, et à Denise, toute son affection, et la reconnaissance de notre ville.

Ton élévation au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur est la juste reconnaissance de l’Etat, d'une implication résistante qui a marqué l'histoire du territoire Dieppois, mais aussi depuis, d'une lutte continuelle et obstinée pour faire vivre les idéaux de la Résistance, pour la reconnaissance des droits femmes, pour la paix et contre toutes les formes de fascisme.

Denise a été désignée citoyenne d’honneur de notre Ville à l’occasion des dernières commémorations du Raid anglo-canadien du 19 août 1942 sur Dieppe.

Ce raid durant lequel Denise était présente a fait plus de 1.200 morts dont près de 900 Canadiens sur les plages dieppoises.

C’est pour nous tout un symbole que Denise soit ainsi mise à l’honneur quelques mois après sa reconnaissance par notre ville.

Et comme symbole de l’amitié qui nous lie et de la reconnaissance de la Ville de Dieppe, nous avons souhaité t'offrir une fleur en ivoire, car Dieppe est une place forte de l'art ivoirier.

Il s'agit de la rose de Ravensbrück, selon le modèle de celle que portait ta chère amie Marie-Thérèse qui y fut déportée.

Que cette broche te rapproche encore et toujours de nous, et te rappelle que Dieppe continue, bec et ongles, votre combat.

 Félicitations Denise, et nous ne te le dirons jamais assez, merci.

 David Queiros, Maire de St Martin d'Hères

Madame Denise Meunier, Madame Evelyne Guigon, l'Anacr Ardèche,

Madame Annie David, Sénatrice, Monsieur Michel Issindou, Député, --Monsieur André Vallini, Président du Conseil général de l’isère Madame Christine Crifo, vice-présidente /chargée des actions de mémoire et des Droits de l'homme; représentant Monsieur André Vallini, Président du Conseil général de l'Isère,

Monsieur José Arias, vice-président du conseil général de l'Isère,

Madame Patricia Ridel, maire-adjointe de Dieppe, représentant (-Monsieur Sébastien Jumel, maire,

Madame Martine Peters, coprésidente de l'Anacr Isère Mesdames, Messieurs, les représentants du comité de liaison des anciens combattants de Saint-Martin-d'Hères,

Mesdames, Messieurs, les élus, Mesdames, Messieurs, Chers Ami(e)s

Alors que nous commémorerons  à Saint-Martin-d'Hères le 27 mai prochain la Journée nationale de la Résistance, c'est avec honneur et fierté que je prends la parole ce matin devant vous

Résistante de l'ombre, femme d'exception, Madame Meunier vient d'être promue par le Président de la  République,Chevalierdans l'Ordre national/` de la Légion d'honneur. La Nation/ rend ainsi hommage./à ses actes de Résistance et de courage.

Dès 1941, Denise Meunier, alors institutrice, participe à la Résistance et intègre deux organisations politiques fortement impliquées : le Front National de Libération et le Parti Communiste Français.

Agent de liaison, elle accompagne un groupe Francs-Tireurs et Partisans pour une opération militaire en décembre 1943. Arrêtée lors d'un contrôle, elle est internée; à la prison Bonne­Nouvelle de Rouen, et est libérée, sans jugement, 4 mois plus tard, en raison du recul des armées allemandes.

Ces événements confirmeront et renforceront son engagement,  au sein de l'Union des jeunes filles patriotes,et comme membre des Forces Unies de la jeunesse patriotique.

Elle ne cessera de militer et deviendra Présidente du comité local de l'ANACR de Saint-Martin-d'Hères-Gières, Présidente départementale de l'Anacr Isère, et est également membre honoraire du Comité national.

Quel modèle pour nous tous! Ces combattants de l'ombre nous ont montré l'exemple, en parvenant à s'unir, non seulement pour vaincre la barbarie nazie mais également pour anticiper la société future autour des valeurs de la République et de la Démocratie, avec la création du Conseil National de la Résistance.

De cette période noire de notre Histoire est né un nouvel ordre social, avec des réformes au contenu progressiste élevé, comme la Sécurité sociale, le Droit de vote des femmes, le Droit au logement, le Revenu minimum garanti, la Nationalisation de l'électricité et du gaz, de la banque de France et des compagnies du crédit.

II est à déplorer que les acquis sociaux soient remis en cause jour après jour et notamment en période de crise. Car la crise capitaliste que nous vivons est à prendre au sérieux. Elle se caractérise surtout par l'accroissement des inégalités sociales.

N'oublions jamais que des hommes et des femmes d'horizon, de religions ou de convictions philosophiques et politiques différents, ont combattu et uni leurs forces, leurs valeurs communes contre le totalitarisme et la barbarie, pour terrasser le nazisme et nous délivrer de cette oppression sans précédent dans l'histoire de l'Humanité.

Ce sont celles et ceux qui ont su dire « non », celles et ceux de la Résistance intérieure, communistes, progressistes, socialistes, immigrés, notamment les FTP-MOl et celles et ceux de la France libre autour du général de Gaulle.

Ainsi, Madame, la République s'honore-t-elle de vous remettre cette distinction quelque soixante-dix ans après les événements' qui firent, d'une toute jeune femme, l'héroïne engagée d'un quotidien incertain. Un quotidien, qui devenait plus risqué et dangereux encore, dès lors qu'il s'agissait de transporter des armes.

Nous sommes ici aujourd'hui pour distinguer un parcours remarquable, fondé sur des valeurs qui nous sont chères : l'émancipation par l'école, la fraternité et la solidarité, l'engagement humaniste.

Madame Denise MEUNIER, Chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur, mais aussi Madame Denise Meunier, Martinéroise, présidente du comité local de l'Anacr Saint­Martin-d'Hères/Gières est une militante de tous les combats progressistes.

Ses discours lors des commémorations, ses interventions, son action pour l'instauration d'une Journée nationale de la Résistance, ses prises de position, , ses témoignages de « passeur de mémoire » devant les jeunes, ,'son militantisme, nous rappelle, sans relâche, la situation internationale,,/son combat contre l'injustice et toutes les formes de racisme pour la défense des populations défavorisées.

Quand souffle l'esprit de la haine, avivé ici par les intégrismes, alimenté là par la peur et l'exclusion ; quand, à nos portes, certains groupuscules, certaines publications, certains enseignements se révèlent porteurs, de manière plus ou moins ouverte, d'une idéologie raciste, nazie, antisémite/alors l'esprit de vigilance qui vous anima, qui nous anime doit se manifester avec plus de force que jamais.

Votre Légion d'Honneur, Madame, rend hommage à la jeunesse, ;à tous ces jeunes qui ont fait le choix de la Résistance-souvent au détriment de leur famille, de leurs amis et de leur propre vie. Elle rend aussi hommage à toutes les femmes résistantes.

Vous savez mieux que quiconque, Madame MEUNIER, qu'en la matière, rien n'est insignifiant, rien n'est banal, rien n'est dissociable.

C'est dans ces moments critiquesque nous devons redoubler d'efforts pour que vivent nos valeurs.

Recevez, Madame, mes très sincères félicitations pour votre nomination au grade/de Chevalier de la Légion d'Honneur.

Cette distinction vous honore, elle honore aussi votre famille, l'ANACR, les anciens combattants et la ville de Saint-Martin­ d'Hères à laquelle vous êtes si attachée.

Elle témoigne de la reconnaissance de la République, du respect que nous portons à votre combat contre toutes les injustices/et de notre gratitude pour les immenses services que vous rendez à notre jeunesse. Merci à vous !

Je vous remercie.

Evelyne Guigon,Résistante,Combattante volontaire de la Résistance, Vice Présidente de l’ANACR Ardèche, Chevalier de la Légion d’honneur

Je suis très émue et très honorée de la confiance que m’a témoignée Denise Meunier en me demandant de parrainer son entrée dans les rangs prestigieux de la légion d’honneur .

Sa vie et son engagement  ne peuvent se résumer en quelques lignes, tant l’une et l’autre ont été à l’image du courage et du don de soi . Les intervenants qui m’ont précédée en ont témoigné . j’ajouterai simplement , tant nos chemins sont parallèles, qu’elle est ma sœur de combat .

Femme de conviction, elle a du service aux autres le sentiment d’une nécessité , et, de par sa profession d’institutrice, a pu donner à ses élèves les bases de la civilisation que sont à mon avis l’humilité, le respect et la politesse, qualités qui semblent disparaïtre .

Femme de conviction, elle l’était  notamment au service de l’union des Jeunes filles Patriotes, mouvement féminin issu de la Résistance, dans la lutte contre les injustices dont ont été victimes des femmes, , afin qu’elles retrouvent leur dignité et toute leur place dans la société .

Femme de conviction , elle l’était comme Résistante dans sa lutte pour la liberté et la Paix . Son parcours a été jalonné de peurs, sans dioute, mais de courage en raison de missions dangereuses qui lui étaient confiées ( Transport d’armes, rédaction et diffusion de tracts, agent de liaison et de renseignements ). Toutes ces activités n’étant pas du goût du gouvernement de Vichy et de ses sbires lui valurent d’être internée plusieurs mois à la Prison Bonne nouvelle de Rouen, où les conditions de détention étaient très dures , tant sur le plan alimentaire que sanitaire . Comme tous les combattants de l’ombre, Denise a du faire preuve non seulement de courage et d’abnégation, mais aussi d’une maîtrise et une faculté d’improvisation, d’imagination et d’astuce dans des circonstances cruciales face à l’ennemi, ou lors de rafles et interrogatoires .

Dans une France occupée, saccagée par l’ennemi avec la complicité de l’état pétainiste, Denise a toujours gardé l’espoir  de voir notre pays retrouver sa liberté . Aujourd’hui encore, elle garde cette lucidité qui la caractérise sur l’avenir du monde , et sa vigilance sur les dangers , hélas trop présents, des idéologies fascisantes .

Dès 1974, elle s’investit dans l’ANACR pour y perpétuer les valeurs de la Résistance et devient plus tard présidente départementale Isère . Malgré les atteintes de l’âge, elle poursuit son engagement pour que les leçons des tragiques  événements de guerre servent à préserver la Paix . Elle fait sienne les idéaux du CNR dont nous venons de fêter le 70 ème anniversaire, ainsi que , pour la 1ère fois, la reconnaissance de la journée du 27 mai qui en est la date symbolique . C’est aussi, à trois jours prêt, la remise de la Croix de chevalier de la légion d’honneur que j’ai mission de lui remettre .

 

P1140792

 

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Commentaires
R
Enfin le blog vivant !!!...<br /> <br /> Bravo pour les reportages<br /> <br /> Bonne continuation .<br /> <br /> <br /> <br /> Robert MICOLAUD<br /> <br /> ANACR Morestel
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